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bernis et la guerre de sept ans.

doute en danger dans sa position, avait décampé le 13 au soir, après avoir entièrement vidé le pays jusqu’au Weser.

L’occasion manquée, c’était de l’autre côté de ce fleuve, sur un terrain assez mal connu de l’État-Major Français[1], qu’il appartenait au Maréchal d’Estrées de se rencontrer avec le Duc de Cumberland. À la Cour, dans le moment même, de basses intrigues, auxquelles rien n’indique que Madame de Pompadour ait le moindrement participé au début, s’agitait en vue de lui enlever son commandement, sous le prétexte qu’il mettait trop de lenteur à ses opérations. En effet, le 6 mai, quelques jours après la ratification du second traité de Versailles, le Roi de Prusse avait remporté devant Prague une éclatante victoire sur le Prince Charles de Lorraine, beau-frère de l’Impératrice. Ce grave échec tombait à point pour faire apparaître l’inefficacité de la diversion par la Westphalie et le Hanovre, sur les phases de la guerre en Saxe et en Bohême, telle qu’elle avait été proposée par le Maréchal d’Estrées aux Conférences de Vienne, et à laquelle la Cour Impériale avait adhéré par la force des choses. Aussi n’y a-t-il pas lieu de s’étonner si, haussant le ton, les Conseillers de Marie-Thérèse aient aussitôt réclamé l’envoi du corps auxiliaire qui restait la base même de l’accord entre les deux Cours[2]. Pour avoir rompu avec Duverney, le Maréchal d’Estrées était sacrifié dès ce jour, par une coterie apeurée et mise au pied du mur, à l’entêtement et à l’impéritie avec lesquels on lui avait refusé les moyens de mener la campagne aussi rapidement qu’il eût été désirable. On désignait à voix basse le Maréchal de Richelieu pour le remplacer à la tête de l’armée, dans les conciliabules où se réunissaient autour du potentat quelques affiliés à ses desseins : le Marquis de Paulmy, qu’il dirigeait à son gré ; le Lieutenant Général de Crémille, un ambitieux de talent passé, comme le précédent, à l’état de fantoche entre ses mains ; Paris de Montmartel, le richissime ban-

  1. À peu près seul à l’État-Major, le Comte de Maillebois possédait une certaine connaissance du pays pour avoir suivi, en 1741, le Maréchal son père en Wesphalie et sur la frontière du Hanovre, lors de la démonstration militaire qui détermina l’Électeur Roi d’Angleterre à s’engager par traité à ne pas fournir de secours à la Reine de Hongrie. Il ne manquait pas de talents, mais ses allures altières et insubordonnées portaient tort, comme on le verra par la suite, aux services qu’il aurait pu rendre avec un caractère moins personnel et plus traitable.
  2. Camille Rousset.