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augusta holmès.

« J’ai sous les yeux, rapporte Villiers de l’Isle-Adam, à qui sont empruntés tous ces détails, une lettre encore amère toutefois et dans laquelle Wagner m’écrivait à Munich : « Ainsi, vous allez avec vos amis admirer comme on s’amuse avec des œuvres viriles : eh bien ! je compte, malgré tout, sur quelques passages inexterminables de cette œuvre pour sauver ce qui n’en pourra pas être compris ! »

Le Rheingold, joué seul, ne pouvait être totalement intelligible. Il remporta cependant un succès marquant. Les amis de Wagner, enfreignant la consigne, y avaient tous assisté. Villiers y était, avec Saint-Saëns, Catulle Mendès, et sa jeune femme, Judith Gautier, sans compter maints dilettantes parisiens plus ou moins notoires.

Et l’on pouvait apercevoir au premier rang de la Galerie noble Augusta Holmès, assise à côté de l’abbé Liszt et suivant l’exécution du Rheingold sur la partition d’orchestre du musicien[1].

La première représentation de l’œuvre ne fut retardée que de quinze jours, jusqu’au 22 septembre 1869 ; mais les voyageurs français qui avaient assisté à la répétition générale, craignant un ajournement plus lointain, s’en étaient retournés aussitôt après[2].

Augusta revint à Versailles avec son père, de plus en plus malade. Depuis sept ans, l’hémiplégie le ravageait et il était sujet à des crises d’irritations pénibles. L’une d’elles, au printemps de 1862, avait déjà failli l’emporter. Vigny, malade lui--

  1. Sur les relations d’Augusta Holmès et de Franz Liszt, cf. les deux lettres du musicien citées par M. Croze. Dans l’une, il écrit à la jeune fille : « Veuillez me considérer comme un ami qui vous est dévoué, avec le plus sincère respect. J’ai la plus haute opinion de vos talents extraordinaires. » (12 janvier 1870.) Dans l’autre, de deux mois antérieure, il l’invite à Weimar pour le mois de mai suivant : « Vous y trouverez une phalange d’amis qui vous recevra avec acclamations, couronnes de roses et de lauriers. »
  2. On lira peut-être avec intérêt l’article publié vers cette époque (19 septembre 1869), par la jeune Augusta, dans la Revue libérale et démocratique de Seine-et-Oise, en l’honneur de l’œuvre de Wagner en général et du Rheingold en particulier. M. G. Servières nous y renvoie dans son livre intitulé : Richard Wagner jugé en France, ainsi qu’à une lettre adressée par elle à O. Comettant pour lui faire partager son enthousiasme.