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une lettre de ducis à larive.

de Fontenay-aux-Roses à sa nièce, Mme V. Babois[1] : « Je suis arrivé hier ici, sur les deux heures et demie ou trois heures, avec M. et Mme de Saint-Pierre. Nous y avons dîné avec la maîtresse de la maison et mesdemoiselles ses filles. Cette maison, qui n’est point du tout régulière, est très agréable dans l’intérieur, par l’intelligence et le goût de Mme Harvey, qui en a fait un bijou charmant, et qui va bien avec le lieu et son aimable et riant paysage. Tout est ravissant de fraîcheur et de propreté. Je vous écris, ma très chère nièce, dans la plus jolie des bibliothèques, devant le buste en marbre de Jean-Jacques Rousseau. Mon portrait, qui est à côté de celui de Saint-Pierre, est très ressemblant. On reconnait dans le sien Ginguené au premier coup d’œil. La même main va y ajouter celui de Lebrun. »

Espérons qu’on retrouvera ce portrait aujourd’hui inconnu de Ducis.

Revenons à Larive, qui, tout en habitant Montlignon, devait avoir conservé son domicile à Paris, où il devait être retenu par son cours. Le poète Ginguené, dont Ducis parle dans sa lettre et qui, lui aussi, devait être un habitué du salon de Fontenay-aux-Roses, où il avait son portrait, collabora à l’œuvre de l’artiste lorsque celui-ci fit imprimer son cours, une première fois en 1804 et une deuxième fois en 1810. C’est à l’Athénée, qui se trouvait rue Saint-Honoré, sur l’emplacement de l’Opéra brûlé en 1781, que Larive professait. Cet établissement, fondé par Pilâtre de Rozier, avait eu pour patrons et protecteurs officiels les frères du roi, le comte de Provence et le comte d’Artois. Il avait dû changer, une première fois, son nom de Musée en celui de Lycée, puis celui de Lycée en celui d’Athénée, lorsqu’en vertu de la loi du 11 floréal an x (1er mai 1802), le nom de Lycée fut réservé aux établissements d’enseignement. Ginguené avait professé, lui aussi, à l’Athénée, aux côtés de La Harpe, Marmontel, Condorcet, Monge, Fourcroy, Cuvier et Biot.

Larive, qui, le 25 mai 1802, avait été nommé membre correspondant de l’Institut (classe des Beaux-Arts, section de Musique), devint le lecteur du roi Joseph, à Naples, en 1808, et fut nommé, quelque temps après, membre de l’Académie royale de Naples.

  1. Lettres de Jean-François Ducis, publiées par Paul Albert, 1879, page 212.