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une lettre de ducis à larive.

Le répertoire de Larive était très varié ; M. Lyonnet, dans son Dictionnaire des Comédiens français, dit qu’il parcourut la province avec Iphigénie en Tauride, Adélaïde, Du Guesclin, Œdipe, Spartacus, Mahomet, Pygmalion, Alzire, Philoctète, La Veuve du Malabar, Le Cid, Gustave, Guillaume Tell et Le Somnambule. En 1795, il créa au théâtre Feydeau le rôle de Pharax, dans le Pausanias de Trouvé.

Le 20 prairial an vii (8 juin 1799), il lui arriva à Angers une assez plaisante aventure, racontée par M. de Soland, dans le Bulletin historique et monumental de l’Anjou, année 1870, page 310 : « Ayant reçu une invitation pour assister à la fête funèbre célébrée en l’honneur des plénipotentiaires assassinés à Rastadt, Larive se rendit en cortège au Temple de la Raison (église Saint-Maurice), où se trouvait une foule immense. Un citoyen, monté à la tribune, ne parvint jamais à se faire écouter. Larive ne put s’empêcher de dire à mi-voix : « Si j’étais à sa place, je saurais bien me faire entendre. » Ce propos, répété au président de la cérémonie, lui valut un appel immédiat à la tribune. Que va-t-il dire ? Une inspiration de sa mémoire lui rappelle les imprécations d’Œdipe qui peuvent s’appliquer à la circonstance, et il s’écrie d’une voix retentissante, en modifiant les premiers vers :

Dieu des républicains, Dieu qui nous exaucez,
Punissez l’assassin, vous qui le connaissez…

Les applaudissement éclatèrent de toute parts. »

En 1800, Larive voulant de nouveau prendre sa retraite, les actrices Devienne, Mézeray, Louise et Émilie Contat, La Chassaigne, et les acteurs Armand, Saint-Prix, Grand-Ménil, Molé et Dazincourt lui adressent, le 19 fructidor an ix (6 septembre 1801), pour le retenir, une lettre dans laquelle ils disaient[1] : « Nous nous flattons au contraire que vous continuerez d’honorer la scène française par l’exercice de vos talens, et d’instruire les jeunes artistes par la tradition de votre expérience. »

Larive avait acheté, l’année précédente, une grande propriété à Montlignon, et, dès le 8 thermidor an viii (24 juil-

  1. Catalogue d’autographes Charavay, 27 avril 1903, page 16. Cette lettre, malgré son intérêt, ne fut vendue que 17 francs.