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le site et la croissance de versaille.

1722) ne marqua qu’un léger temps d’arrêt dans l’extension de Versailles. Sous Louis xv, la ville commença par prendre possession du vaste Parc-aux-Cerf, déjà percé depuis plusieurs années de rues régulières, toutes parallèles, comme celles de la ville de Louis xiv, à la façade du Château ou à l’avenue de Paris. Dès cette époque, par la création du quartier Saint-Louis[1], dont le plan n’a subi que des modifications de détail et dont la physionomie en maints endroits n’a guère changé, Versailles atteignit au sud la limite qu’elle n’a jamais dépassée, le bord du bois de Satory, dont les frondaisons barrent nettement l’horizon au bout de la rue Royale et où l’on pénètre sans la moindre transition en sortant de la ville par les rues Satory ou Saint-Martin.

Dans les trente premières années du règne de Louis xv, la population avait augmenté de moitié (25, 000 en 1715, 37, 000 en 1745), et cette augmentation continue devait amener la ville à s’étendre au nord, du côté opposé au quartier Saint-Louis, en descendant dans la cuvette marécageuse qui commençait derrière l’église Notre-Dame et le Marché ; mais on n’arriva pas vite à cette solution : il s’écoula une quarantaine d’années entre le desséchement de l’étang de Clagny (1736), accompli non pour agrandir la ville, mais pour en assainir la lisière nord, et la construction d’un nouveau quartier après 1770. Pendant cet intervalle, la construction plus complète du quartier Saint-Louis, et surtout les nombreuses baraques et échoppes qui, par centaines, encombraient avenues, places et rues larges, suffirent à absorber sur place l’augmentation de population. C’est seulement à partir de 1769 que la démolition du château de Clagny, les concessions de terrains et le percement des boulevards du Roi et de la Reine (1773) favorisèrent la naissance d’un nouveau quartier qui fut construit dans les premières années du règne de Louis xvi et prit pour longtemps le nom des Prés[2] qui avaient occupé l’emplacement de l’ancien étang. Le quartier s’étendait, d’une part, de la rue Maurepas à la rue Duplessis, de l’autre, de la rue Neuve (quai de l’ancien étang) à la rue

  1. Chapelle dès 1725, marché en 1735, église de 1743 à 1754, cimetière en 1769.
  2. Ce nom est longtemps resté en usage au xixe siècle ; la rue Berthier l’a porté pendant la Révolution.