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le site et la croissance de versailles.

prêter à ce roi des intentions qu’il n’a peut-être jamais eues, que le point choisi répondait aux conditions suivantes : proximité de Saint-Germain et de Paris, village offrant quelques ressources et déjà un des plus importants de la région, mélange de forêts et de plaines pour le gibier, pentes variées, mais pas trop raides, vue pour ainsi dire illimitée du côté du couchant ; il est facile de voir que les autres points des environs, même les autres buttes voisines, n’auraient pas offert au même degré tous ces avantages réunis. Quoi qu’il en soit, Louis xiv conserva le même emplacement, « ce lieu », dit la légende d’un plan de 1695, « ayant eu le bonheur de plaire au Roi… qui y répara par les efforts de l’art[1] les défauts que la nature y avait laissés ». Il voulut qu’une ville naquît du Château pour les besoins de la Cour. « La ville a été bâtie », dit le Mémoire de l’Intendant de Paris en 1700, « pour loger les princes et les seigneurs de la Cour qui y ont leurs hôtels, les officiers et domestiques de la Maison du Roi, et une multitude de peuple qui est à la Cour pour son service. Il y a quantité d’hôtelleries pour y recevoir les étrangers que la curiosité y attire et pour ceux qui ont des affaires au Conseil. »

III. — Versailles sous Louis xiv.

La nouvelle ville, création de la volonté royale, devait s’adapter au terrain, c’est-à-dire préférer les pentes moyennes, sans songer encore à gravir les buttes, ni à remplir les dépressions marécageuses ; elle devait aussi tenir compte de la place prise par le Château et ses annexes, et borner sa croissance dans les limites étroites indiquées à l’ouest par le Parc, au nord par l’étang et le domaine de Clagny, à l’est par la butte Montbauron, au sud par le Parc-aux-Cerfs et le Potager. C’est bien dans ce cadre restreint que grandit le Versailles de Louis xiv. Il comprenait :

1o Au nord, le plus grand quartier, celui de la Ville Neuve ; les rues régulières se coupaient à angle droit, toutes parallèles à la façade du Château ou à l’avenue de Paris, deux directions

  1. Travaux de défrichement et de drainage qui transformèrent le « cloaque » de Saint-Simon en un site habitable, dont Mme de Maintenon, dès 1684, louait l’ « air admirable » et — prématurément — les « bonnes eaux ».