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LE SITE ET LA CROISSANCE DE VERSAILLES


À première vue, Versailles ne semble pas se prêter à une étude de géographie urbaine, car sa naissance et sa croissance ne paraissent dues qu’à la fantaisie d’un roi et à l’attraction d’une cour, faits historiques accidentels, mais non géographiques ou économiques. Cependant, si Versailles est née d’un caprice personnel, caprice de sentiment et de politique, elle s’est développée sur un terrain donné, et sa croissance a dû se plier aux exigences de ce terrain ; d’autre part, si les faits économiques ont eu sur le développement de Versailles beaucoup moins d’influence que sur celui des autres villes en général, cette influence n’est pas négligeable ; ou, pour mieux dire, les faits politiques d’autrefois (action de la royauté, contre-coup de la Révolution) et de nos jours, des faits à la fois historiques et géographiques (attraction du site et des souvenirs, proximité de Paris), ont eu des conséquences économiques favorables ou funestes pour Versailles. On peut donc étudier le site et la croissance de cette ville comme on le ferait pour toute autre, à condition de tenir compte des circonstances spéciales qui ont présidé à sa naissance et à son développement[1].

I. — Le Site de Versailles.

Malgré les travaux d’aplanissement ou de comblement qui ont atténué les inégalités du sol, le site de Versailles peut être étudié sur la carte au 1/20000e des environs de Paris[2], et on peut le caractériser ainsi : Versailles n’est pas sur une rivière, ni

  1. Un substantiel et élégant article de Mlle Myriem Foncin (Annales de Géographie, septembre 1919) traite en partie, sous le titre : Versailles, étude de Géographie historique, le sujet que je viens de définir ; l’auteur étudie avec pénétration les transformations de la population versaillaise, les causes de son accroissement, les changements de son caractère, mais laisse à peu près de côté le site de Versailles et le développement des différents quartiers, néglige certains éléments de la croissance de la ville, et on peut discuter l’idée de sa conclusion. J’ai largement utilisé cet article, mais j’ai cru devoir le compléter ou le rectifier sur certains points.
  2. Voir en outre, p. 278, le schéma du site de Versailles et, p. 274, le plan schématique de l’accroissement de la ville.