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l’interprétation de versailles

Delerot, y sont évoquées avec justesse. Des scènes historiques, comme celle de l’invasion de la ville par les troupes allemandes, gardent la précision rigoureuse de l’histoire.

L’agitation des divers milieux politiques, leurs intrigues, leurs compétitions et leurs espérances, tandis que le Parlement siégeait à Versailles et que l’orientation du pays demeurait mystérieuse et incertaine, devaient tenter les romanciers comme les historiens. M. Georges Lecomte, dans son roman l’Espoir[1], a étudié cette période de résurrection française. L’Espoir met en scène les états-majors des différents partis, les orateurs de l’Assemblée Nationale, l’entourage des présidents Thiers et Mac-Mahon, les fidèles des prétendants : et c’est de l’histoire plus encore que du roman. Mêlant des personnages réels aux personnages fictifs, M. Georges Lecomte excelle à peindre les tumultueuses séances de l’Assemblée et ses couloirs en rumeur ; les abords de la Préfecture qui abrite le Président de la République, et où les Versaillais tôt levés peuvent apercevoir — affirme M. Georges Lecomte — la figure savonneuse et le toupet blanc de M. Thiers, se rasant péniblement devant la fenêtre d’angle de la cour d’honneur.

Les romanciers dont nous venons de rappeler les œuvres ont décrit Versailles d’après une méthode essentiellement objective. Il n’en va pas de même avec M. Maurice Barrès, pour qui les plus beaux spectacles de l’art ou de la nature sont surtout un sujet de méditation.

Maurice Barrès, l’un des premiers, a compris que Versailles est vraiment un temple, — le temple du recueillement et de la sagesse. Il est un fidèle pèlerin de Versailles, comme Anatole France, comme Paul Bourget, comme Henri de Régnier, comme naguère Gabriel d’Annunzio. Chaque automne le ramène devant la Terrasse ou sous les ombrages de Trianon.

Deux fois, M. Maurice Barrès a magistralement évoqué le somptueux prestige de Versailles. D’abord, aux dernières pages de son roman Leurs Figures, où son héros Sturel — qui lui ressemble étrangement — vient y chercher une paix reposante, et rencontre, sur les rives du Grand-Canal, son ancien maître Bouteiller, dont il est devenu l’adversaire politique. Puis, dans

  1. Paris (Fasquelle), 1908 ; in-12.