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L’INTERPRÉTATION DE VERSAILLES
dans la Littérature contemporaine


I

L’amour e Versailles, le culte de sa beauté, la vénération de son passé et de sa grandeur, la prédilection pour tout ce que ses jardins et ses fontaines dispensent d’émotion et de charme, ne pouvaient qu’attirer et séduire les poètes, les écrivains, les artistes. En vers comme en prose, beaucoup ont chanté ou décrit l’œuvre de Mansart et plus encore celle de Le Nôtre. Ils l’ont fait avec des sentiments fort différents, comme l’esprit même et la formation mentale des générations successives. Nos contemporains sont assurément ceux qui y ont apporté le plus de ferveur.

M. Émile Delerot, qui fut pendant de longues années conservateur de la Bibliothèque, a consacré aux poètes de Versailles une étude aussi complète que judicieuse. Cette étude[1] concerne surtout les poètes antérieurs à 1870, dont il ne sera parlé ici que très brièvement.

Du xviie siècle, presque rien n’est à retenir, hormis l’attrayante promenade à travers les jardins de Versailles qui tient lieu d’introduction et d’intermède à la Psyché de La Fontaine. Célamire de Mlle de Scudéry, les églogues de Mme Deshoulières et l’extravagant Versailles immortalisé de Monicart ne sauraient que prêter à sourire. Poëtes courtisans et rimeurs parasites chantèrent moins Versailles qu’ils ne célébrèrent la gloire de son hôte, et ne décrivirent les jeunes jardins et les façades neuves que pour complaire au demi-dieu qui les avait créés.

Au xviiie siècle, les poètes délaissent le parc solennel de Le Nôtre, et, selon le goût du jour qu’avec Rousseau ils ont tant

  1. Émile Delerot : Ce que les Poètes ont dit de Versailles. Versailles, 1870. Nouv. éd. : Ibid., 1910.