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bernis et la guerre de sept ans.

la France. Bref, la négociation traînant en longueur sous l’influence de ces suspicions, le Comte de Kaunitz adressait, le 27 décembre, au Comte d’Estrées une réclamation formelle des 24, 000 hommes promis par le traité de Versailles et affectés — ajoutait-il expressément — à l’Armée de Bohême[1].

On a raison de dire quelquefois que les situations qui paraissent les plus compromises s’éclaircissent soudain de la manière la plus inattendue. Par un retour subit à un examen plus calme des opportunités, soit que l’alliance entre la Prusse et l’Angleterre eût été reconnue inébranlable, soit que les progrès de Frédéric en Bohême eussent absorbé toutes les préoccupations présentes, l’Impératrice termina d’elle-même la négociation en se déclarant prête à consentir aux modifications que le Roi proposait d’introduire au traité du 1er mai 1756, sous réserve que S. M. T. C. prendrait à sa charge l’entretien de 4, 000 Bavarois et de 6, 000 Wurtembergeois qui serviraient à l’Armée Impériale. C’était apparemment peu demander à la Cour alliée : en s’abandonnant d’aussi bonne grâce à la magnanimité du Roi de France, Marie-Thérèse l’enchaînait plus fortement encore aux intérêts de sa Couronne. Sans doute, l’assentiment de la Cour de Vienne à l’envoi en Allemagne d’une armée de 103, 000 hommes en deux corps, dont le second serait employé à ses besoins, assurait momentanément à la France sa liberté d’action. Mais, au milieu des arrangements militaires qui se discutaient à Vienne, selon les instructions du Maréchal de Belle-Isle, à Versailles, le Comte de Stahremberg murmurait aux oreilles du Roi et de Madame de Pompadour certaines aspirations de sa Cour à la reconstitution de l’Allemagne sous l’hégémonie Autrichienne qui dépassaient considérablement nos buts d’alliance, et auxquelles la perspective de l’échange du Duché de Parme contre un établissement plus important et plus solide aux Pays-Bas, en faveur de l’Infant D. Philippe, son gendre, dans la reconstitution de l’Europe centrale, poussait Louis xv à accorder son attention. Une négociation politique se poursuivait donc parallèlement aux accords militaires que le Comte d’Estrées était occupé à conclure avec la Cour de Vienne, et ce qu’il convient de retenir actuellement des

  1. Camille Rousset.