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bernis et la guerre de sept ans.

Rentré à la Cour en octobre, le voilà repris par les cabales et rendu à ses inimitiés. Tandis que la foule l’acclame lorsqu’il paraît en public, c’est à peine si le Roi le félicite de son succès lorsqu’il se présente au château. En son absence, Madame de Pompadour a donné satisfaction à ses intérêts les plus chers et les plus pressants ; le 1er mai, le Roi et l’Impératrice-Reine ont solennellement ratifié le traité, en partie son œuvre, qui a été signé le 1er janvier par leurs Plénipotentiaires ; à une formelle déclaration de guerre de l’Angleterre, le Roi a appelé au Conseil, le 16 du même mois, avec le titre de Ministre d’État, le Maréchal de Belle-Isle, à qui l’âge et les blessures refusent d’assumer le commandement des armées qui s’organisent. Richelieu ne peut donc pour un temps gagner en crédit auprès du Roi, car entre lui et le Maréchal existent d’anciens froissements que rien n’a pu effacer, et, à la grande joie de la Marquise, un de ses amis de la première heure, le Lieutenant Général Prince de Soubise, bien vu du nouveau Ministre d’État, est désormais assuré de la conduite des troupes qu’on a promises à l’Impératrice. Ce sont là d’importants résultats pour Madame de Pompadour, mais de quel prix la France aura-t-elle bientôt à les payer ?

Avec le Maréchal de Belle-Isle, s’il ne sut pas toujours s’élever au-dessus de ses rancunes, s’il se montra parfois d’une psychologie médiocre, s’ouvrent cependant à l’horizon de notre politique extérieure des vues plus vastes et plus intensives que celles qui ont présidé à l’élaboration du traité de Versailles. Le 3 septembre, on apprenait subitement à la Cour que le Roi de Prusse avait brusquement envahi la Saxe, occupé Dresde et bloqué l’Électeur, père de la Dauphine, dans son camp de Pirna : un mois après, le 1er octobre, une sanglante défaite infligée au Maréchal de Browne, qui s’était porté au secours des Saxons[1], rappelait brutalement à la France ses engagements envers l’Impératrice-Reine. Certes, le Cabinet de Versailles était prêt à fournir à cette Princesse vaincue l’aide militaire qu’Elle réclamait sur la foi des traités, — dès le 8 septembre, ordre avait été transmis aux troupes désignées pour former le corps expéditionnaire de s’assembler, partie à Metz,

  1. Bataille de Lówositz, en Bohême. 1er octobre 1756.