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bernis et la guerre de sept ans.

« Ses intentions sont certainement bonnes pour le fond » — écrivait le Comte de Stahremberg au Comte de Kaunitz, en août 1758 ; — « il ne voit que ce qui lui paraît juste, honnête et conforme au véritable intérêt de sa Cour ; il est attaché à la nôtre ; il hait le Roi de Prusse et désire fort son abaissement ; il a de l’esprit, de la prévoyance, de la sagacité même ; malgré cela, il se conduit très souvent et même depuis un temps presque toujours absolument au contraire de tout ce que je viens de dire, et à n’examiner que quelques traits de sa conduite, on jugerait qu’il a tous les défauts opposés aux qualités que je viens de lui donner. » Surpris de cette disparité entre les actes et la pensée, l’Ambassadeur de Marie-Thérèse en atribue la source à un manque de fermeté si nécessaire à un homme employé dans un poste principal, à un peu d’ignorance en matière politique, à trop de confiance en ses propres lumières, et à la légèreté d’esprit ordinaire à sa propre nation, qui fait que l’on y prend aisément des opinions et les abandonne de même, que l’on se précipite presque toujours dans ses jugements et ses résolutions. « Au demeurant, — termine-t-il, — c’est un honnête homme, très bien intentionné, qui ne veut et ne désire que le bien, qui croit le faire en effet, et ne le fait pas toujours[1]. » Tracées sans parti pris par un témoin journalier des agitations qui bouleversaient si fort l’esprit de Bernis à la veille de sa disgrâce, ces lignes nous représentent ce Ministre en traits assez vraisemblables pour que nous arrêtions ici les trop nombreuses citations sur lesquelles nous avons étayé cette étude et dont il nous reste la satisfaction d’avoir rappelé divers ouvrages déjà anciens et d’une lecture toujours intéressante.

M       is de Persan.

  1. Baron d’Arneth. Geschichte Maria-Thersia’s, et Mémoires de Bernis, appendice.