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bernis et la guerre de sept ans.

chaque jour lui apportait[1]. Tout concourait donc à imposer au Comte de Clermont l’obligation d’en venir aux mains avec le Prince Ferdinand, sans plan ferme et réfléchi, et à le mener infailliblement à la défaite.

Crefeld ! Voilà un nom qui s’accole tristement à celui de Rosbach pour former « le second tome de la série » que le Comte de Clermont se voyait condamné à achever, ainsi qu’il s’en était plaint à Crémilles quelques semaines auparavant. Ce n’était certes pas la vaillance qui manquait au Comte de Clermont, mais bien la fermeté de commandement et l’inspiration hardie avec lesquelles, au siècle précédent, un Guébriant avait attaqué sur ces mêmes bruyères les Impériaux, les avait complètement battus et avait capturé leur général[2]. Après une vigoureuse résistance de notre infanterie qui réussit à contenir l’ennemi dans l’intérieur des bois d’où il la mitraillait à son aise, jusqu’à ce qu’elle eût été refoulée dans la plaine par le flot croissant des troupes assaillantes : après une charge violente d’une partie de notre cavalerie contre ces mêmes troupes, « bientôt percées sur deux lignes, puis, la carrière fournie, prise à revers et renversées à nouveau »[3], une retraite à peine troublée par quelques salves irrégulières de l’artillerie adverse, sans prisonniers, sans traînards, sans perte de matériel, voilà qui témoigne de ce qu’on peut attendre en tous temps de la valeur d’une armée française !

XII

Notre but, en nous étendant quelque peu sur les opérations militaires accomplies durant cette première période de la guerre de Sept Ans, a été de rechercher les raisons pour lesquelles le sort de nos armes a constamment tourné à l’encontre des espérances qu’avaient fondées sur les conséquences de notre alliance avec l’Impératrice-Reine les auteurs des deux

  1. Camille Rousset.
  2. Combat de Kempen, à trois lieues au nord-ouest de Crefeld, 27 janvier 1642.
  3. C’est à ce moment que le Comte de Gisors, qui commandait le corps des Carabiniers, à la tête duquel il avait été promu le 3 mai précédent, reçut presque à bout portant un coup de feu dans les reins dont il mourut à Neuss le 26 juin, à l’âge de vingt-six ans ; avec lui s’éteignit la famille des Foucquet.