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madame de pompadour

pour commander son armée de Hanovre, à la place du Duc de Cumberland.

À partir de ce moment, ce n’est plus lui qui allait mener la campagne. Aussi nous semble-t-il inopportun de retracer ici les divers incidents de cette seconde expédition dans le Duché de Brême, où Richelieu devait rencontrer, sans les vaincre, les mêmes difficultés qu’à la première et un adversaire plus entreprenant que le Duc de Cumberland. Bornons-nous donc à signaler qu’après avoir repris pied à pied le territoire qui s’offrait à sa vue et rejeté l’Armée Royale jusqu’en Hanovre, le Prince Ferdinand s’était soudainement retiré vers le nord dans la nuit du 24 décembre, cédant en cela aux raisons alléguées par son État-Major — mieux écouté de lui que celui de Richelieu ne l’était par son chef — pour le dissuader de continuer à combattre : le froid, la neige, la difficulté de vivre. Il n’y avait plus d’ennemis en présence, et, rentré le 27 à Hanovre, le Maréchal songea enfin à renvoyer ses troupes dans leurs quartiers d’hiver : au 31 janvier 1758, la première ligne de nos cantonnements était établie sur l’Aller, l’Ocker et la Leyne, appuyée aux places de Brême et de Wolfenbuttel, dont l’occupation semblait assurer la position générale de l’armée ; trois autres lignes successives embrassaient tout le pays qui s’étend jusqu’au Rhin et par l’Ost-Friese jusqu’à la mer du Nord.

X

Quoi qu’il en fût des fautes de Richelieu, sa réputation militaire le soutint encore longtemps contre les reproches que lui eût attirés sa conduite, si on l’e$ut mieux connue à l’armée, à la Cour et dans le public. Parmi les remarquables lettres du Comte de Gisors au Maréchal de Belle-Isle, il en est une fort longue dont nous citerons quelques lignes, parce qu’elle nous montre en termes élevés et accentués l’opinion de l’Armée sur ses chefs après la catastrophe de Rosbach. Sous l’étreinte d’une pieuse et forte émotion, il dévoile à « son vénéré Père » le chagrin qu’il a eu au début de la campagne en le voyant donner son suffrage pour le commandement d’une armée à un homme — M. de Soubise — qui n’avait ni science, ni expérience. « Jamais — y lisons--