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bernis et la guerre de sept ans.

pendance du Général Autrichien, l’opinion de Duverney était une force contre laquelle il n’y avait point à lutter. Acquis à des exigences qui lui avaient permis de substituer le Maréchal de Richelieu au Maréchal d’Estrées, il n’avait point à refuser au Maréchal de Belle-Isle un renfort qui formait un des articles de son propre plan ; mais il tint ferme à l’acheminement du Prince de Soubise vers la Saxe, avec 32 bataillons, 23 escadrons[1] et 20 pièces d’artillerie destinés à être incorporés à l’armée des Cercles de l’Empire.

D’Erfurth, le 1er septembre, ce Général annonçait à la Cour que Frédéric ii, abandonnant brusquement la Lusace, était entré à Drese avec 25, 000 hommes. « Les Saxons — ajoutait-il — prétendent qu’il viendra nous attaquer ; pour moi, je ne puis croire que le Roi de Prusse s’avance jusqu’ici[2]. » Crainte d’inquiéter ou fausse sécurité, toujours est-il qu’après s’être porté sur la Saala, Frédéric obligeait le Prince de Soubise à se replier sur Eisenach et, à la Cour, l’émotion était extrême. Le 13 septembre, cinq jours après la convention de Kloster-Sewen, ordre était envoyé au Maréchal de Richelieu d’étendre ses quartiers de Celle-sur-l’Aller à Brunswick et Wolfenbuttel, pour se rapprocher du Prince de Soubise.

À la réception de cet ordre, Richelieu ne courait déjà plus à la victoire. Les embarras de son prédécesseur à assurer la subsistance des troupes, il les avait éprouvés à son tour dans sa marche sur le bas Weser, et les représentations qu’il adressait à Duverney, identiques à celles qu’avait formulées le Maréchal d’Estrées, restaient aussi vaines. Bien plus, vis-à-vis du Maréchal qui lui devait son commandement, le vieillard portait plus haut son arrogance, et c’est maintenant sur la conduite des opérations qu’il entendait régenter le Général en chef. S’étant porté sous ces fâcheuses impressions à Wolfenbuttel, où il reçut, le 23 septembre, un nouvel ordre de la Cour qui lui prescrivait de faire passer un détachement de ses troupes au Prince de Soubise, Richelieu vit à cette injonction une marque de partialité à son égard et une sorte de blâme indirect pour s’être trop légèrement prêté, lors de la convention de Kloster-Sewen, aux

  1. Camille Rousset.
  2. Voir Dépôt de la Guerre. — Voir Camille Rousset.