réponse à l’Impératrice-Reine ainsi conçu : « Le Roi serait heureux de s’unir avec l’Impératrice-Reine par les liens d’une amitié inaltérable et d’une alliance éternelle ; mais, fidèle à ses alliés, Il n’avait garde de soupçonner leur bonne foi et encore moins de prendre aucune mesure qui pourrait leur être contraire ; que tout son désir était de maintenir le traité signé à Aix-la-Chapelle et que, si l’Impératrice jugeait à propos de travailler de concert avec Luy pour un objet si salutaire, Il était tout prêt à y concourir[1]. » La réplique ne tarda pas à suivre la réception de cet avis : quelque peu dépitée et toujours tenace, l’Impératrice-Reine « renonçait au plan qu’Elle avait proposé, puisqu’il n’était pas du goût du Roi, et attendait de Sa Majesté qu’Elle s’expliquât sur les objets qui pouvaient servir de base aux deux Cours pour engager une action commune ». Aux dispositions montrées par cette Souveraine dans ce laconique billet, Bernis semble avoir pensé « qu’il n’était pas impossible de détacher la Cour de Vienne de celle de Londres », et en rappelant au Roi de Prusse les obligations du traité d’Aix-la-Chapelle, « d’assurer la paix de l’Europe en ne laissant d’autre charge au Roi que la guerre qu’Il allait avoir à soutenir contre la Puissance Britannique ». Le moyen d’atteindre à ce but, il crut le trouver dans la proposition « d’un traité de garantie réciproque des États du Roi et de l’Impératrice-Reine en Europe, auquel les alliés respectifs des deux Cours seraient invités à adhérer, à l’exception de l’Angleterre » [2], et soucieux de sortir des pourparlers occultes pour reprendre sa fonction d’Ambassadeur, il supplia Louis xv d’adjoindre à la négociation tels Ministres qu’il lui conviendrait. Machault, Ministre de la Marine ; Séchelles, Contrôleur Général des Finances, créatures de Madame de Pompadour ; Rouille et Saint-Florentin, Ministres des Affaires Étrangères et de la Maison du Roi, furent désignés pour travailler avec Bernis à la rédaction des articles du futur traité ; le Ministre de la Guerre, d’Argenson, un des ennemis de la Marquise et suspect d’opposition à tout rapprochement avec l’Autriche, ne fut point admis aux conférences.
Ces personnages se mirent aussitôt à l’œuvre dans le plus