Schneider qui laisse à penser : « C’est pour des princes, aurait-il déclaré à M. Le Roi ; il ne faut pas du tout d’ouvrages savants ! Qu’il y ait de belles gravures, ce sera très bien[1] ! »
D’autres demandes de livres furent, au cours de la guerre, faites par des administrations allemandes, des officiers, des princes ; mais, grâce au zèle de M. Le Roi, qui n’hésitait pas à faire rechercher au domicile des emprunteurs les ouvrages sortis depuis trop longtemps, tout fut rendu ou à peu près.
Somme toute, si Versailles eut beaucoup à souffrir des exigences du vainqueur, fut pressuré sans merci et soumis à une tyrannie qui prit toutes les formes, les plus brutales comme les plus grotesques, la Bibliothèque sortit indemne de la guerre, grâce, il faut le dire, à la prudence de son conservateur et, pour une bonne part aussi, à l’ascendant que lui donnaient son âge et la réputation européenne de ses travaux.
Conservateur de la Bibliothèque de Versailles.
Rapport de M. Le Roi à M. Rameau.
Le désastre de Sedan venait d’avoir lieu et tout annonçait que nous ne tarderions pas à avoir les armées étrangères devant Paris. Dans la prévision d’une occupation de notre ville qui ne pouvait tarder à arriver, je pris les précautions nécessaires pour mettre en sûreté les objets précieux que renferme notre Bibliothèque. Nos magnifiques crosses d’abbesses du xve siècle, ceintures, médailles d’or et d’argent, monnaies de même métal de la belle collection de M. Angelot, armes de prix des pays orientaux, furent soustraits à la vue et enfermés et cachés de
- ↑ Delerot, op. ci., p. 314.