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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

Samedi 15.

On dit que le général français qui est venu hier a resté coucher à Versailles et qu’aujourd’hui il a eu une nouvelle entrevue avec M. de Bismarck. On ajoute qu’il vient de Metz. Qu’y a-t-il de nouveau ?…..

Dimanche 16.

Aujourd’hui, après nos pansements, je suis allé entendre la messe de neuf heures à Notre-Dame. C’est l’heure où les Prussiens catholiques vont aussi entendre la messe. L’église était entièrement pleine de soldats. Au moment où je suis arrivé, un prêtre allemand leur faisait un sermon. Après ce sermon, écouté très religieusement par tous ces soldats, la messe a commencé. Elle était servie par un jeune soldat ; l’orgue du chœur, touché par un Allemand, a joué plusieurs morceaux ; puis la musique militaire lui a succédé. Je dois dire que tous ces morceaux étaient graves et religieux. Pendant la messe, trois des soldats ont communié. Après la messe, l’officiant est monté en chaire, a lu l’Évangile, fait un sermon, dit les prières, et tous se sont retirés dans le plus grand ordre. À la même heure, un office d’une autre nature avait lieu dans la chapelle du Château ; à cet office du rite évangélique assistait le roi de Prusse. Il était placé dans un fauteuil, dans le bas de la Chapelle. Une foule considérable d’officiers de tous grades encombraient le bas et les galeries du haut, dans lesquelles étaient aussi rangés un grand nombre de soldats en armes. Le ministre était placé, le dos tourné à l’autel, sur les dernières marches….. J’ai appris que les Prussiens ont enlevé tous les tapis d’Aubusson du château de Saint-Cloud, ainsi que d’autres objets précieux. Rien de nouveau.

Lundi 17.

….. Cette après-midi, j’ai rencontré M. R…, qui m’a lu un article du Journal Officiel de Tours, du 12, dans lequel M. Gambetta annonçait que Paris faisait une très belle défense, que la garde nationale avait repoussé les Prussiens de toutes leurs positions. J’ai craint qu’il n’y ait eu un peu d’exagération dans ce récit, car il parle de Saint-Cloud comme ayant été occupé