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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

casernement. Il venait demander tous les lits disponibles que l’on pourrait lui donner pour porter au Château. Il en a fait autant dans tous les établissements publics, Grand et Petit-Séminaires, maisons particulières d’ambulances, etc. Il m’a dit qu’ils voulaient concentrer tous leurs blessés au Château pour ne point répandre le typhus dans la ville et qu’ils avaient besoin de beaucoup de lits, parce que, la semaine prochaine, ils auraient une grande attaque et, par conséquent, un grand nombre de blessés. Les sergents de ville ont annoncé dans la ville, au son de la caisse, que les grandes eaux du Parc joueraient aujourd’hui et que le roi de Prusse s’y rendrait. Je me suis rendu dans le Parc pour la première fois depuis l’occupation. J’en ai le cœur navré ; à toutes les fenêtres du Château, des Prussiens malades, des matelas sur la terrasse, des draps de lits pendus aux fenêtres, des blessés, avec leurs appareils, se promenant ou couchés sur les terrasses, les allées foulées par les voitures et les pieds des chevaux, enfin l’abandon et la ruine. Cependant, le Parc paraissait encore grandiose quand les eaux ont joué et paraissait faire l’admiration de ces masses de Prussiens dont la foule accompagnait leur Roi. Guillaume m’a paru maigri et vieilli depuis que je l’avais vu en 1867, dans ce même parc, auprès de celui qui ne soupçonnait guère alors le sort qui lui était réservé par celui qu’il traitait alors comme son hôte. J’ai vu avec plaisir que, si beaucoup de Prussiens se pressaient sous (sic) les pas du Roi, il y avait bien peu de Français et qu’en général ils se tenaient à distance. Le Roi était accompagné de M. de Bismarck et avait pour guide M. Dufrayer, le directeur des Eaux. Point de nouvelles encore aujourd’hui.

Vendredi 7.

On dit ce matin que les Français ont attaqué les Prussiens à Saint-Cloud et les ont repoussés jusqu’à Ville-d’Avray. On dit aussi que le docteur Pigache a été tué pendant qu’il allait voir un malade, par une balle tirée de l’autre côté de la Seine, tirée par les Français. Du reste, aujourd’hui, rien de nouveau.

Samedi 8.

Il a fait aujourd’hui un temps affreux toute la journée, ce qui n’a pas empêché les Prussiens de faire un grand nombre de