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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

L’officier furieux jure après le soldat et, dans sa fureur, tire sur lui un coup de pistolet et lui casse le bras. Le soldat s’affaisse et est entouré par des gens accourus au bruit de la détonation, tandis que l’officier continue sa route. Que sera-t-il devenu de cet acte de sauvagerie de l’un de nos vainqueurs !  !  ! Aujourd’hui, rien de nouveau. La musique des Prussiens, que je viens de rencontrer en allant panser nos blessés, jouait encore, sans doute pour nous narguer, la Marseillaise. J’ai vu encore avec peine une foule de curieux, hommes et femmes, attendant devant la Préfecture l’arrivée du roi de Prusse que l’on y attend. Pauvre peuple, où en es-tu !…..

Mercredi 5.

On entend ce matin ronfler le canon du côté de Meudon. Il court en ville beaucoup de bruits : On dit que les Prussiens ont attaqué le fort de Vanves, qu’ils sont montés trois fois à l’assaut et que trois fois ils ont été repoussés avec de grandes pertes. On dit que le général Trochu a annoncé aux Parisiens que, d’ici à quelques jours, deux armées françaises se dirigeraient sur Paris, l’une par Orléans, l’autre par Chartres. On dit que le pauvre Dr Morère, maire de Palaiseau, ayant, par suite de mauvais traitements, tué à coups de revolver deux officiers prussiens, aurait à son tour été tué ! Tout cela est-il vrai ? Ce qui est vrai, c’est que les Prussiens ont en ce moment 900 blessés au Château, depuis leur attaque de Paris, sans compter les malades, qu’on dit plus de 700 au Lycée. À 4 heures, cet après-midi, est arrivé à la Préfecture le roi de Prusse ; il est accompagné de M. de Bismarck et, dit-on, du général de Molke (sic). Croirait-on qu’une foule considérable de femmes et de Français se trouvait sur le passage du roi de Prusse, le long de la rue des Chantiers et sur l’avenue de Paris, que beaucoup d’hommes se sont découverts sur son passage et que, dit-on, on a même entendu plusieurs cris de : Vive le Roi ! Pauvre pays, où en sommes-nous ? Ce soir, nous avons coupé la cuisse à l’un de nos blessés du couvent Saint-Martin…..

Jeudi 6.

Ce matin, comme je sortais de faire nos pansements au couvent Saint-Martin, j’ai trouvé là un officier prussien chargé du