Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
madame de pompadour

padour s’en fait l’écho en mandant à Stainville le 3 août : « Je n’aime pas la guerre, mais ce n’est pas le moment d’en parler. Le Roi est offensé. Il ne peut trop se venger. Je suis la première à l’y porter. Les Ministres de vos amis pourront vous parler de mon courage, vous me connaissés assés pour n’en pas douter. Sa Majesté se propose de faire de grans retranchemens dans les dépenses. J’ay cru devoir montrer l’exemple. J’ai laissé M. de Séchelles le maître de décider : mes ordres ont été donnés en conséquences[1]. »

Dans l’état de notre marine et de nos finances, peut-être eût-il été dangereux à un Ministère, divisé comme le reste de la Cour par les inimitiés personnelles, de céder à un mouvement trop précipité d’action navale immédiate et combinée. On le sentit au point de ne prendre aucun parti à la légère et on convint, la première émotion passée, de réclamer en termes énergiques au Cabinet de Saint-James la restitution des vaisseaux indûment saisis, des excuses pour l’affront infligé à la nation, et on se prépara résolument à la guerre sur mer. À ces représentations, le Gouvernement Britannique s’attacha à amuser notre Ambassadeur par ses protestations pacifiques et son désir de travailler en bon accord à la démarcation de nos limites coloniales, afin de se laisser le temps de gagner le Roi de Prusse à sa cause en lui garantissant la possession de la Silésie et les subsides qu’il réclamait comme prix de son appui. À Versailles, rien ne perçait de ces tractations, et il fallut un billet de l’Impératrice-Reine de Hongrie à Madame de Pompadour pour les faire connaître au Roi, à qui Elle offrait en même temps son alliance. Déjà, au cours de son Ambassade, après le traité d’Aix-la-Chapelle, le Comte de Kaunitz avait été chargé par sa Souveraine d’entamer une négociation avec le Cabinet de Versailles en vue d’un rapprochement entre la France et l’Autriche ; aucun résultat n’était sorti de la délibération, mais Marie-Thérèse ne s’était pas tenue pour battue, et dans les circonstances présentes, les yeux toujours tournés vers la Silésie, Elle revenait à la charge. Affectant d’être persuadée que le Roi n’ignorait rien de ce qui se tramait contre Lui entre Londres et Berlin, Elle demandait dans son billet à la Marquise, préala-

  1. Général de Piépape.