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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

pendant laquelle j’ai vu y assister plusieurs soldats allemands et un jeune officier qui paraissait prier avec ferveur. Il n’y a rien de nouveau dans la ville. J’ai rencontré M. Jeandel qui était sorti de prison ; on lui a donné l’ordre de ne plus continuer son journal. Il paraît décidé que le roi de Prusse va venir habiter Versailles mardi prochain. Il habitera la Préfecture et le Prince Royal restera chez Mme André, rue des Chantiers…..

Lundi 3.

….. Bien des bruits ont circulé aujourd’hui : on dit qu’il y a eu une affaire entre les troupes de Paris et les Allemands du côté de Saint-Denis et que 20, 000 Bavarois ont mis bas les armes ; — est-ce vrai ? — d’autres, que l’on a vu hier Paris positivement illuminé. On parle de démarches faites par les puissances étrangères auprès du roi de Prusse. Le nouveau préfet prussien a engagé les employés de la Préfecture à rester à leur poste ; ils ont refusé. Aujourd’hui, j’ai vu M. Desjardins, l’archiviste de la Préfecture, qui m’a raconté ce refus ; comme il était en train de me raconter cela dans mon cabinet, sa mère est arrivée, tenant une lettre de ce préfet ; il lui disait dans cette lettre qu’il espérait qu’il reprendrait ses fonctions, qui n’avaient rien d’incompatible avec son autorité ; que, d’ailleurs, sa présence et ses rapports avec les employés étaient nécessaires pour régulariser le service et surtout dans l’intérêt du département, mais que, cependant, s’il persistait dans son refus, il croyait alors devoir lui imposer une amende de 200 francs. M. Desjardins s’est alors rendu près des autres employés de la Préfecture qui ont dû délibérer sur cet incident. Ce nouveau préfet s’est rendu aujourd’hui au sein du Conseil municipal. Le Conseil est décidé à rester à son poste jusqu’à la fin. Rien de nouveau.

Mardi 4.

Voici ce que vient de me raconter M. H….. : hier soir, à 8 heures et demie, un officier prussien descendait la rue Satory, au grand trot, dans un cabriolet ; le cheval lancé monte sur le trottoir et manque de renverser la voiture ; aussitôt, l’ordonnance de l’officier s’élance à terre, se jette à la tête du cheval et, malgré ses efforts, parvient à peine à maîtriser le cheval.