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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

boutiques fermées, des groupes d’habitants cherchant des nouvelles ou lisant les affiches qui appellent les électeurs à voter dimanche pour nommer un nouveau Conseil municipal ; élections faites dans un singulier moment ! On amène tous les jours de nouveaux blessés, surtout des Prussiens. Les avenues et la place d’Armes sont remplies de fourgons et de voitures. Il y a toujours sur la place d’Armes un parc d’artillerie. Je reste le plus que je peux chez moi et je cherche à me distraire par le travail ; mais, malgré tout, je suis toujours oppressé par la triste situation où nous nous trouvons…..

Vendredi 23.

La ville est toujours dans le même état. Les Prussiens occupent tous les postes, même au Château et dans le Parc. On a mis des blessés dans le couvent des Augustines de la rue Saint-Martin. Je suis allé cette après-midi avec G… pour les panser ; ce sont des soldats français blessés à Velizy lundi dernier ; ils le sont tous grièvement….. On dit dans les provinces Versailles à feu et à sang.

Samedi 24.

Ce matin, G… et moi avons passé toute la matinée à panser nos blessés de Saint-Martin. J’ai été au siège de la Société internationale de secours chercher un brassard, et me voilà, comme en 1815, enrégimenté pour secourir les malades. On parle d’affaires graves qui auraient eu lieu vers Sèvres et Sceaux. De nombreuses voitures de l’Internationale sont parties sur ces deux points pour ramener les blessés. Du reste, on ne sait rien. Toujours sans nouvelles ; c’est le plus cruel de notre situation. Mon Dieu, quand cela finira-t-il ?

Dimanche 25.

Ce matin, je suis allé à la messe ; puis nous avons été panser nos blessés, ce qui nous a pris une grande partie de la matinée. Après déjeuner, je suis sorti pour aller voter à la Mairie pour le nouveau Conseil municipal. La place d’Armes était remplie de fourgons appartenant aux Prussiens. Beaucoup de monde était réuni sur l’avenue de Paris à regarder un ballon venant de