Encore une journée écoulée. Tout ce qu’il y avait de troupes et de mobiles est parti ; au lieu du tumulte d’hier, tout est triste aujourd’hui et silencieux. Je passe tout le jour à travailler. Je suis allé aujourd’hui voir M. Charton, notre nouveau préfet ; je n’y ai rien appris de bon. En général, ceux qui sont à notre tête n’ont pas grande confiance. Le soir, rien de nouveau.
….. Je reste le plus que je peux enfermé, car je ne puis parcourir la ville sans éprouver un serrement de cœur. Nous allons le soir chercher le journal qui nous annonce l’approche des Prussiens. Prions Dieu de nous protéger !
Toujours même anxiété….. Aujourd’hui, l’autorité municipale, qui craint que des accidents n’arrivent à la Mairie, dont les bâtiments sont peu sûrs, a fait transporter tous les registres de l’état civil à la Bibliothèque ; c’est là, maintenant, qu’est établi le bureau et qu’on recevra toutes les déclarations concernant les actes de l’état civil. Comme à l’ordinaire, après dîner, G… et moi avons été chercher le journal. Rien de nouveau, si ce n’est que l’ennemi se rapproche de plus en plus.
Rien de nouveau ce matin….. Je suis resté à la Bibliothèque, cherchant à me distraire par le travail. Toute la soirée, la ville était en alerte ; on annonçait l’arrivée des Prussiens par la barrière de la rue des Chantiers ; on courait de tous côtés. Personne n’a paru…..
Je suis allé à la messe ce matin à Saint-Louis et j’ai ardemment prié Dieu de nous soutenir dans cette terrible crise….. Je suis sorti tard, car j’ai peu de goût à sortir de chez moi. J’ai lu les journaux, et quand je suis allé sur l’avenue de Paris, j’y ai trouvé une foule considérable assemblée devant la Mairie.