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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

nouveau gouvernement, menacé déjà par les exaltés. Que Dieu nous protège !…..

Jeudi 8.

….. Je passe une grande partie de mon temps à me promener dans la Bibliothèque ; je ne puis croire que ce dépôt si riche de toutes les connaissances humaines ne soit pas respecté d’un peuple civilisé et aussi instruit que le peuple allemand.

Poussé par le désir de savoir des nouvelles, je me suis mis à parcourir la ville. À la Mairie, j’ai vu arriver deux individus arrêtés comme espions et qui n’étaient que deux bons bourgeois bien calmes et bien tranquilles. La ville est sillonnée de militaires de tous les régiments, débris de notre armée, que l’on dirige sur tous les environs. Leur tenue fait peine à voir et la plupart sont dans le plus grand découragement. Au milieu de tout cela, on rencontre les mobiles et la garde nationale sédentaire qui fait des patrouilles et garde les barrières, ou va faire l’exercice. Partout des groupes, tristes, découragés et s’occupant surtout de l’approche de l’ennemi et surtout des divisions qui commencent à agiter les esprits dans Paris. Que Dieu nous prenne sous sa protection ! Lui seul peut nous sauver. Le soir, G…[1] et moi nous lisons nos journaux qui sont loin de nous rassurer…..

Vendredi 9.

Une triste journée : la pluie tombe presque tout le jour. Je reste renfermé à la Bibliothèque et, pour me distraire, je classe des livres. Le soir, je vais à la gare chercher un journal….. Je vais chez G…, où nous lisons nos journaux, puis nous causons des événements qui sont suspendus sur nos têtes….. Oh ! mon Dieu, protégez-nous et faites cesser promptement cet affreux cauchemar !

Samedi 10.

Toujours même anxiété. Lecture des journaux, dans lesquels j’espère trouver quelque espoir pour la fin de nos maux. Je reste renfermé le reste du jour à la Bibliothèque. Le soir, G… et moi

  1. Un confrère de M. Le Roi.