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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

République et tous les mouvements du peuple. Qu’est-ce que tout cela va devenir ? Comment le reste du pays va-t-il accepter tout cela ? Oh ! pauvre France, dans quelle terrible passe tu te trouves !

Rien de nouveau dans le reste de la journée.

Mardi 6.

Quelles nuits l’on passe et quelles terribles pensées viennent vous assiéger dès que l’on est éveillé ! Je viens de voir arriver un grand nombre de soldats revenant de Sedan. Ils sont hâves, les vêtements en lambeaux, sans souliers, pouvant à peine se traîner. Je n’ai pu m’empêcher de pleurer en les voyant. J’ai pensé à mon fils, dont je n’ai aucune nouvelle et qui est avec le maréchal Bazaine ; je me le représentais comme les malheureux que j’avais sous les yeux, si toutefois il vit encore. J’ai passé une heure à lire les journaux et à me repaître des affreuses nouvelles qu’ils contiennent….. En revenant chez moi…, je me suis trouvé au milieu d’officiers de toutes sortes de régiments, revenant aussi de l’armée de Mac-Mahon ; tous il étaient démoralisés et regardaient la continuation de la lutte comme impossible….. Ce soir, les médecins de la ville se sont réunis à la Bibliothèque ; ils ont décidé de faire une ambulance sédentaire dans laquelle ils seraient tous réunis pour secourir les blessés et les malades et de faire un appel à tous ceux qui voudraient les aider dans cette œuvre charitable, comme aides et infirmiers.

Mercredi 7.

Journée triste. Un temps affreux, une pluie battante toute la journée. J’ai cherché à me distraire de mes pénibles pensées en m’occupant de rangements de livres dans la Bibliothèque. Je suis allé en députation auprès de M. Rameau, notre nouveau maire, avec MM. Godard, Bérigny et Ozanne, pour obtenir des brassards, comme faisant partie de l’Association internationale de secours aux blessés. Il nous a renvoyés vers M. Delaroche, président du Comité de Versailles, qui les a accordés pour les médecins fonctionnant. Là, nous avons appris de tristes nouvelles de l’état des esprits à Paris et du peu de solidité du