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translation des cendres du général hoche.

tions assuré, le moral des troupes est porté au plus haut point : elles crient : « Landau ou la mort ! »

La première attaque commence au milieu de décembre, combinée avec une feinte sur Kaiserslautern. Le 22 décembre, des hauteurs de Neuviller, la grosse artillerie des Français crache sur le village de Frœschwiller. Un boulet des Impériaux, qui ripostent vigoureusement, vint couper l’arbre sous lequel Hoche donnait ses ordres et faillit écraser le général. Après s’être dégagé, il continue à donner des ordres tranquillement. Un nouveau boulet tue son cheval entre ses jambes ; il prend la monture d’un dragon de l’escorte. « Ces messieurs, dit-il en riant, voudraient me faire servir dans l’infanterie. »

Les premières tranchées sont enlevées, mais une vive résistance nous arrête à l’entrée de Frœschwiller et l’ennemi essaie de mettre en batterie de nouvelles pièces. « Mes amis, cria Hoche, à 600 livres chaque canon », et les Républicains répondant : « Adjugé ! » s’en emparent. Notre cavalerie, tournant Frœschwiller, achève la victoire par une charge brillante. Les lignes de la Molder étaient forcées et tombaient. Le soir même Hoche écrivait : « Demain, je continuerai » ; et il continua.

Sans cesse, il parcourt ses bivouacs, surprenant ses lieutenants et ses troupes. Il comptait avant tout sur l’arme blanche. « Lorsque l’épée est courte, disait-il, on fait un pas de plus. » « Rien n’égale la valeur de notre infanterie. » C’est à la baïonnette, que le 26 décembre, il prend d’assaut le Geisberg. Le 27, il prend Wissembourg, et trois jours après, Wurmser et les Impériaux, ne se croyant plus en sûreté sur la rive gauche du Rhin, repassent le fleuve à Philippsbourg, la rage et le désespoir au cœur. Les Prussiens de Brunswick se mettaient à leur tour en retraite jusqu’à Worms et Oppenheim. L’Alsace était reconquise, Landau délivré, le Palatinat envahi jusqu’à Spire.

On l’a remarqué, de cette campagne date la véritable guerre de mouvement. Leurs attaques incessantes donnent à nos jeunes troupes l’habitude de la témérité. Leurs chefs attaquent partout sur un très grand front, osant se servir du nombre et choisissant un point essentiel où ils renforcent leurs lignes pour produire l’événement décisif. On a senti qu’à l’armée nouvelle il faut une tactique nouvelle. « Les Français, disait