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translation des cendres du général hoche.

Et voici le monument que l’armée de Sambre-et-Meuse a élevé à son général en chef, Hoche, à l’endroit où elle l’avait regardé passer le Rhin.

Hoche : soldat à 16 ans, général en chef à 25 ans, mort à 29 ans. Que d’histoire dans ce simple énoncé !

Tout est leçon dans cette vie. Enfant du peuple, à la fois turbulent et studieux, il voulait s’engager à seize ans dans un régiment colonial en partance pour les Grandes-Indes ; mais trompé par un sergent recruteur, il se trouve incorporé dans les gardes-françaises. Pour pouvoir acheter des livres et compléter son instruction, il se résout aux plus humbles métiers en dehors de son service. La fougue de sa jeunesse n’enlève rien au sérieux de son instruction péniblement et patiemment acquise, et l’ardeur de ses convictions révolutionnaires ne l’entraîne jamais à manquer aux devoirs militaires, dans les premières journées de la Révolution où il se trouve mêlé.

C’est comme lieutenant au siège de Thionville qu’il commença son apprentissage de la guerre, en 1792. Au commencement de 1793, il est aide de camp du général Leveneur, et prend part à l’expédition de Belgique. Dans ces fonctions, il remplit plusieurs missions de confiance pendant l’investissement de Maestricht et fut nommé adjudant général chef de bataillon. Mais le ci-devant comte de Leveneur fut arrêté deux fois et, par deux fois, son aide de camp prit sa défense avec une générosité d’âme qui faillit briser son avenir. Traduit devant le tribunal révolutionnaire, il fut néanmoins acquitté. Rejeté dans Dunkerque assiégé, il y fut l’âme de la défense et enleva de haute lutte son grade de général de brigade. Il était à la prise de Furnes et mettait le siège devant Nieuport, quand il fut nommé, à 25 ans, général de division et commandant en chef de l’armée de la Moselle.

En effet, dans les mémoires de Hoche au Comité de Salut public, Carnot avait reconnu ses idées. Selon lui, il fallait sauver Dunkerque, en marchant sur Ostende, ce qui fermait aux Anglais la porte du retour. Il voulait qu’on renonçât à la défense en cordon, pour se réunir en masse, et Carnot, après avoir lu un de ses mémoires, s’était écrié devant ses collègues du Comité : « Voilà un officier qui fera du chemin. »

Ce général de 25 ans était né pour le commandement, avec