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translation des cendres du général hoche.

quand nous les interrogerons tout à l’heure, ils nous diront qu’ils sont Lorrains, Normands, Bretons, Angevins, Gascons ou Provenceaux, et Dieu sait par quels chemins ils ont passé pour arriver là où nous sommes si heureux de les voir !

Voilà surtout ce qui fait aujourd’hui pour nous toute la beauté et toute la poésie du voyage. Cependant que nous naviguons, les groupes se forment, des camarades se retrouvent, des présentations ont lieu, celle de M. le Maire de Versailles et de la délégation au maréchal Foch.

Nous remarquons qu’au passage devant la colossale statue de la Germania si orgueilleusement dressée sur les pentes du Niederwald, le maréchal allume et fume avec une satisfaction visible une pipe qu’il a retirée de l’une de ses poches : et cela nous plaît fort.

À l’arrière, un orchestre se fait entendre. C’est celui que nous avons applaudi la veille au soir chez le général Mangin. Et comme je causais avec le chef qui le conduit, j’apprend qu’il porte le nom de Ballay et est le neveu du chef distingué de notre musique de la garde républicaine.

Tous les instrumentistes qu’il dirige sont des artistes de valeur et plusieurs des lauréats du Conservatoire ; aussi peuvent-ils se faire entendre d’un public habitué à de la bonne musique, sans avoir à redouter de désavantageuses comparaisons.

Un seul arrêt en cours de route : nous venons de prendre à Boppard les officiers du 9e corps et leurs familles.

Voici que nous apparaît Coblence, que domine la haute silhouette de la forteresse d’Ehrenbrestein. Nous dépassons le confluent de la Moselle pour aller mouiller en aval et nous pouvons ainsi voir au passage, ce qui ne veut pas dire admirer, le monument colossal élevé sur la pointe qui sépare les deux cours d’eau en l’honneur de l’empereur Guillaume Ier. Il repose sur un vaste soubassement de blocs de granit non équarris et est entouré d’une colonne en granit formant hémicycle. Il profile sur le ciel un colossal empereur en bronze, monté sur un gigantesque cheval à la crinière fouettée par le vent, que tient par la bride un non moins colossal génie de la Victoire.

C’est en 1897 que ce monument fut fièrement planté : 1897, c’était déjà le règne du petit-fils de l’inoubliable grand-père. Quelle belle cérémonie d’inauguration dût être célébrée sur ces