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translation des cendres du général hoche.

transporteront à Coblence. Nous déjeunons et gagnons le port à travers des rues qui ne sont pas encore très animées. Déjà est rangé sur le quai un bataillon du 121e, avec le colonel, le drapeau et la musique. Le Bismarck, un des beaux échantillons de la flottille du Rhin, le même qui a déjà porté le maréchal dans sa tournée triomphale d’inspection des corps d’occupation, commence à se garnir des invités aux cérémonies de Coblence : officiers généraux de la xe armée, officiers de toutes armes, beaucoup de dames, parmi lesquelles Mme la maréchale Foch, Mme Mangin et sa mère, Mme Cavaignac, des infirmières de nos Croix-Rouge, enfin les délégations de Versailles et de Chartres. Chacun s’installe sur le pont du bateau, abrité par un tau et protégé vers l’avant, qui constitue, contrairement aux usages, la place d’honneur, par un vitrage destiné à couper le vent ou garantir de la pluie.

Mais un « garde à vous » retentit, le bataillon présente les armes, et à l’entrée du port s’arrête l’automobile du général Mangin, qui est allé au-devant du maréchal, arrivé le matin même par un train spécial.

Le maréchal apparaît, la Marseillaise retentit, une salve de coups de canon est tirée par les vedettes de la marine qui vont accompagner le Bismarck, des avions évoluent dans l’air. Belle minute qui fait passer un joli frisson : comme elle ponctue bien la victoire, quand on songe où l’on est !

Le maréchal monte à bord, le signal du départ est donné, et commence alors cette traversée bien connue des touristes, dont il ne saurait être question de faire ici une description détaillée. Ce spectacle, beaucoup parmi nous l’ont déjà contemplé dans de précédents voyages, mais ce ne sont peut-être plus les mêmes choses qu’autrefois qui éveillent leurs admirations d’aujourd’hui.

Cette puissante masse liquide dans laquelle nous laissons un long sillage, c’est le Rhin, dont la « robe verte » a été de nouveau déchirée, et qui tient une fois de plus « dans notre verre » ; les petites vedettes qui éclairent notre marche, en bondissant à travers l’écume y reflètent gaiement nos trois couleurs.

Tous ces villages qui jalonnent le cours du fleuve, sur l’une et l’autre de ses rives, ce sont de nos poilus qui les occupent, y vaquent à leurs travaux et nous saluent de loin au passage. Et tous ces bonshommes, ce sont des enfants de chez nous, et