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translation des cendres du général hoche.

que nous ayons chance de trouver à déjeuner dans les hôtels de la ville ; mais nous n’y perdons rien, et une cantine française établie à la gare improvise pour nous un repas auquel rien ne manque, surtout la gaîté.

Liberté de manœuvre nous est donnée pour l’après-midi, que chacun emploie de son mieux, après avoir été reconnaître le logement et l’hôte qui lui sont destinés. Il en fut parmi nous qui, favorisés par leurs relations avec des camarades de l’armée d’occupation, purent s’offrir l’excursion de Wiesbaden, passer dans cette station thermale assez de temps pour jouir de l’aspect riant qu’elle offre et écouter même au théâtre un acte de Lohengrin.

Plaisir à part, c’était une occasion qui s’offrait de nous mêler pour la première fois à une foule allemande. La représentation est annoncée pour 5 h. 30, et pour qui connaît la discipline que l’Allemand apporte en tout, il faut bien s’attendre à ce qu’à 5 h. 30 le premier coup d’archet soit donné.

Il fait un après-midi superbe, c’est dimanche et les rues de Wiesbaden sont animées comme il convient à une ville de plus de 100, 000 âmes, habituée au rendez-vous d’une foule élégante et cosmopolite, où les consommateurs se pressent dans les cafés ; et au milieu de cette animation, nombreux sont nos officiers et nos soldats, dont la tenue est excellente et l’allure dégagée. Comme l’heure de la représentation approche, se dirige vers le théâtre un nombreux public féminin. Toutes ces femmes, sans chapeaux et en cheveux, ont arboré des toilettes blaches ou très claires. Malgré notre incompétence en la matière, il ne nous apparaît pas que l’art de la corsetière ou de la couturière de Wiesbaden ait atteint son apogée, à moins qu’il ne soit trahi par celles-là mêmes qu’il devrait faire valoir et parer.

Le théâtre est plein : c’est une salle blanche, large et aérée, avec beaucoup, beaucoup de dorures. L’interprétation qui nous est donnée de l’œuvre de Wagner est bonne, sans dépasser ce que nous avons entendu à Paris, aussi bien comme orchestre que comme chant. Mise en scène et décors sont soignés, les costumes riches, mais tout cela avec une crudité de tons que l’on n’a pas cherché à atténuer, bien au contraire. Si le chevalier du Graal est blanc et étincelant, il est superblanc et super-étincelant.