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MADAME DE POMPADOUR
BERNIS ET LA GUERRE DE SEPT ANS[1]


PREMIÈRE PARTIE
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Aux premiers temps de sa faveur, Madame de Pompadour avait forcément rencontré aux fêtes de la Cour et aux soupers des Cabinets, quand ils n’étaient pas en campagne, le Maréchal de Saxe, commandant en chef notre Armée de Flandre, et le Lieutenant Général Duc de Richelieu, un des premiers Gentilshommes de la Chambre, que le Roi honorait de sa confiance et en compagnie desquels il aimait à se trouver. Entourée de mécontents et d’envieux qu’offusquait son pouvoir naissant, elle avait su attirer le vainqueur de Fontenoy dans le cercle d’amis qu’elle cherchait à se former, en secondant de son mieux les projets de mariage, auxquels il avait largement concouru, entre le Dauphin, veuf de l’Infante Marie-Thérèse, et sa nièce, la Princesse Marie-Josèphe, fille de l’Électeur de Saxe, Roi de Pologne. Les négociations terminées, le Roi avait désigné le Duc de Richelieu, alors en sa Lieutenance Générale du Languedoc, comme Ambassadeur Extraordinaire, pour aller à Dresde faire la demande solennelle de la future Dauphine, et, les cérémonies du mariage par procuration accomplies, l’amener à la Cour de France. C’est là le premier acte d’importance — ne prononçons pas encore le mot de politique — auquel nous voyons intervenir Madame de Pompadour. Y gagna-t-elle en prestige et en autorité sur ses ennemis ? À part une amitié sincère et trop tôt rompue par la mort, que pouvait-elle attendre du Maréchal de Saxe, lequel, malgré la gloire acquise à nos armées sous sa conduite, durant ces dernières années de guerre,

  1. Étude présentée sous forme de causerie à la Société des Sciences morales de Seine-et-Oise.