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52 LA REVUE DE L'ART En voici une preuve, entre autres. On sait comment la section de gra- vure est parquée au Salon des Artistes français : les deux salles du pre- mier étage qui sont réservées, d'un côté au burin et à l'eau-forte. de l'autre au bois et à la lithographie, ne suffisant plus à contenir tous les cadres, encore qu'elles en fussent tapissées de la cimaise au plafond, on a d'abord accordé à la gravure le palier, aux trois quarts obscur, des deux escaliers qui s'ouvrent à droite et à gauche de la porte centrale ; puis, le nombre des envois augmentant toujours, on a laissé déborder les estampes sur la galerie en pourtour du premier étage. Or, du côté de la salle des lithographies et des bois, c'est à peine si l'on a eu besoin d'empiéter sur cette galerie ; tandis que, de l'autre côté, les eaux-fortes s'étendent en rangs pressés sur une longueur d'une vingtaine de mètres. Elles y sont d'ailleurs infiniment plus visibles, mais infiniment moins visitées, que celles de la salle elle-même. Le public s'imagine à tort que l'on a exilé sur ce balcon désert d'attristantes médiocrités et passe outre, alors qu'on y a relégué, au contraire, les graveurs « avancés », c'est-à -dire, suivant l'esprit de la Société des Artistes français, ceux qui ne font pas de traduc- tion, — et ce ne sont pas toujours les moins intéressants. Quelques privilégiés ont été exceptés, pourtant : d'abord, et comme de juste, sir F. Seymour-Haden ; puis MM. Ardail, C. Fonce et Brunet- Debaisnes, mais M. Ardail qui expose, comme j'ai dit, une pointe sèche originale, traduit aussi M. Rodin ; M. C. Fonce, auprès d'un petit paysage romantique à la pointe sèche, montre une grande eau-forte d'après le Marais de Corot ; et quant à M. Brunet-Debaisnes, on aura sans doute pris sa Crue du Doubs à Charrette (Saône-et-Loire) pour une de ces grandes planches d'après quelque paysagiste anglais, comme il en envoie d'ordi- naire. On a encore fait exception pour M. Angerville (coins de ports, vieilles ruelles, intérieurs campagnards) et pour un certain nombre d'infortunés qui n'auraient certainement pas hésité, si on leur avait donné à choisir entre une place sur la cimaise du « balcon » et une autre au plafond de la salle. D'autant que ce « balcon » est, en vérité, un rendez-vous de très bonne compagnie. Autour du célèbre « croquiste » américain Joseph Pennell, graveur des rues de Londres et lithographe des Sky-Scrapers de New-York, quantité de talents nouveaux se révèlent ou s'affirment, sur