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34 LA REVUE DE L'ART provincial de Bonn 1. Le panneau central, où sont juxtaposées plusieurs figurines détachées, avec des banderoles à inscriptions, est consacré à la glorification de la Vierge-Mère. Les deux volets portent quatre images de saints, vus en pied, et de proportions beaucoup plus fortes que les figurines du panneau central. A l'intérieur des volets, ce sont saint Jérôme en cardinal et saint Augustin en évêque, et, à l'extérieur, saint Jean l'Évangé- liste et saint Paul. Je laisse de côté le panneau central, qui peut prêter à la discussion. Mais, en ce qui concerne les volets, dans les quatre saints debout qui y sont portraiturés, on trouve exactement les traits propres au maître des Heures de Boucicaut. C'est sa manière de dessiner les têtes, avec le maxil- laire trop développé. Ce sont ses procédés si spéciaux pour le rendu des bouches et des yeux. C'est sa prédilection pour les statures très élancées. C'est enfin, identiquement, son parti pris de coloration, tel que nous le trouvons dans ses meilleures miniatures. Il est toujours extrêmement délicat de grouper des oeuvres qui n'ap- partiennent pas absolument à la même catégorie. Cependant, après avoir minutieusement étudié, sur l'original, les volets du triptyque conservé au musée provincial de Bonn, il ne me semble pas douteux que" la peinture de ces deux volets ne soit due à la même main que les images des Heures du maréchal de Boucicaut et autres miniatures similaires. Nous savions déjà, grâce aux manuscrits, beaucoup de choses sur notre artiste. Comme miniaturiste, il était déjà en pleine possession de son talent avant le milieu de l'année 1402, et il n'a pas dû travailler fort avant dans le xve siècle, car à aucune de ses oeuvres on ne peut, jusqu'ici, attacher d'élément de date qui soit postérieur au 1er janvier 1413. Ce maître a été employé par le duc de Bourgogne Jean sans Peur et par le duc Jean de Berry. Mais, pour le second de ces princes, il n'a opéré qu'en sous- ordre, confondu dans le groupe d' « ouvriers » que dirigeait Jacquemart de Hesdin, et nul des manuscrits du duc Jean de Berry auxquels il a collaboré n'est postérieur à 1409. Paris a été longtemps la résidence de l'artiste. Mais il est bien probable qu'il a fait un voyage dans le Mila- nais. En tout cas, dès 1402 au plus tard, il introduisait dans un manuscrit 1. Voir, sur ce tableau, le bel ouvrage de MM. Paul Clemen et Eduard Firmenieh-Richartz. Die Kunsthistorische Austellung zu Dusseldorf, I904 (Munich, F. Bruckmann, 1905, in-fol.). p. 3 et pl. a.