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LE MAITRE DES HEURES DU MARÉCHAL DE BOUCIC AUT 31 U n trait frappant dans es pay sages si la fréquence avec laquelle l'auteur introduit, comme motifs pittoresques, à un plan plus ou moins éloigné, des représentations de cygne s nageant sur un cours d'eau. Ces représentations se reproduisent si souvent, et arrivent tellement àse transformer en une formule appliquée a satiété, qu'on pourrait être tenté de proposer, pour notre maître des Heures de Boucic aut, le second surnom de « maître aux cygnes » . Toutes les scènes, naturellement, se passent pas en plein air. Elles o nt parfois pour théâtre un intérieur. comme une chambre ou une église. Et même dans les paysages, il y a fréquemment une part très impor- tante faite à des figurations totales ou partielles d'édifices variés. Ceci no us amène au troisième point que nous voulions traiter : le rendu d'¬ architectures par notre artiste. rendu, étant donné l'époque, est absolument remarquable. Jus- qu'à l'apparition du maître des Heures de Boucicaut, tous les miniaturistes ayant travaillé en France, sans au- cune exception, n'avaient apporté dans leurs images qu'une attention LE MAITRE DES HEURES DE BOCCICAUT. SAISI J E A N L' ÉVANÉLISTE. Miniaturedu ms. latin 1161 de la Bibliothèquenationale, f° 20 . s médiocre a tout ce qui était architecture. S'ils devaient représenter 1. Ce n' est pas. bien entendu, que notre artiste soit le seul miniaturiste avant travaillé en France qui ait portraituré 1 oiseau de Léda. A son époque même, le duc Jean de Berry avait mis le cygne à la mode en le choisissant pour un de ses emblèmes. Les cygnes ont été ainsi reproduits alors sur toute une série d'objets exécutés pour le duc de Berry. depuis des livresjusqu'à des pièces d'orfèvrerie et des tapisseries, et cela sans que notre maître des Heurts de Boucicaut ait pris la moindre part à la confection desdits objets. D'antre part, bien des miniaturistes, ayant à figurer un lac ou une rivière, ont eu l'idée très naturelle d'y placer des oiseaux aquatiques. Ce que nous voulons dire, c'est que notre maître a poussé sa prédilection pour les cygnes jusqu'à les employer à satiété, en motif banal. Voici, par exemple, parmi nos reproductions d'après les oeuvres de l'artiste, une image du roi David et une de saint Jean l ' Évangéliste. Les manuscrits d'où sont tirées ces images n'ont pas appartenu au duc de Berry. Rien donc, ni le sujet, ni la provenance, n'y appelaient la présence des cygnes : et cependant, regardez attentivement les arrière-plans : vous y découvrirez les blancs oiseaux, qui semblent ici comme une marque d'atelier.