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336 LA REVUE DE L'ART nom Pierre Dumonstier, cette mention essentielle : « son frère », c'est-à -dire frère d'Etienne l'aîné. Il paraît assez probable que les inscriptions furent ajoutées longtemps après l'achèvement de l'oeuvre et sont de la main de Daniel ; on recon- naît à première vue les caractères particuliers de sa belle calligraphie. Si donc cette mention, très postérieure à l'exécution des portraits, ne garantit pas absolument leur ressemblance, elle vient confirmer tout ce qui a été dit précédemment sur les liens qui unissaient les deux dessina- teurs. Ceux-ci paraissent avoir été inséparables; il se trouvent groupés sur les seuls documents qui nous ont conservé leurs traits, tandis que Cosme aurait fait bande à part. Peut-être ses fonctions auprès de la reine de Navarre le tenaient-elles éloigné de la cour de France. Peu importe au surplus ; bornons-nous à constater cette réunion des deux frères sur deux dessins du xvi° siècle. Celui de Saint-Pétersbourg présente une particu-. larité notable : il a été mis au carreau, comme s'il avait dû servir à l'exé- cution d'une peinture qu'on ne doit guère se flatter de retrouver jamais. Debout auprès d'une table, Etienne et Pierre paraissent montrer au spec- tateur, soit une toile, soit un dessin placé à côté d'eux. On a vu plus haut qu'Etienne l'aîné était né en 1520. Ici on lui donnerait tout au plus une trentaine d'années, et même moins. Cette particularité ne saurait guère aider à retrouver l'auteur des portraits et nous estimons que ce serait risquer beaucoup que de tenter une hypothèse quelconque sur ce point. Bornons-nous à signaler aux voyageurs qui s'intéressent à notre art national les richesses enfouies dans les collections étrangères et encore ignorées. Ils sont certains d'y faire de précieuses trouvailles, s'ils veulent bien se donner la peine de les explorer patiemment. Quand donc un ama- teur se chargera-t-il de la tâche utile de rédiger un catalogue descriptif de ces trésors épars dans les collections étrangères ? C'est une besogne qu'il conviendrait d'entreprendre sans retard, et que l'État devrait bien confier à ces jeunes savants chargés de missions scientifiques dans les différents pays de l'Europe. JULES GUIFFREY