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LES PEINTURES DU CHATEAU D'OIHON 280 beaucoup ce tableau : mais il le donna à son médecin, messer Jacopo da Carpi, qui venait de le guérir d'une grave maladie. Ce saint Jean est main- tenant à Florence, chez messer Francesco Bcnintcndi ». Dès lors, l'inventaire de Bailly (1709), le catalogue de Lépicié (1752), les inventaires de l'Empire, attribuèrent la toile à Raphaël, jusqu'au moment (1820) où Louis XVIII la concéda à l'église de Longpont (Seine- et-Oise), sur la demande du duc de Maillé. Mais, au bout de quelques années, le Saint Jean ayant été endommagé par l'humidité, la fabrique le rapporta au duc et, à sa mort, ses héritiers le trouvèrent dans un grenier. N'en connaissant ni l'origine, ni la valeur, ils le laissèrent adjuger au milieu du mobilier du défunt pour 59 francs. Le marchand, M. Cousin, qui l'avait acheté aux enchères, le fit remettre à neuf (seconde réparation) et l'offrit pour 60.000 francs au gouvernement. Mal lui en prit, car un jugement de 1837 l'obligea à le rendre au musée, moyennant le simple remboursement du prix d'achat et des frais de restauration1. Vingt ans plus tard, le tableau n'avait pas encore été réexposé, et Passavant, ne le connaissant que par la gravure de Simon Valée, se refusa à le ranger dans les oeuvres du maître d'Urbin. Le Saint Jean au désert d'Oiron a passé jusqu'à ce jour pour la copie de cette toile à la carrière mouvementée.Nous-même n'en avions jamais jugé autrement, et l'état de dégradation de la peinture ne permet guère d'autre opinion. Mais une découverte, que nous a valu un examen plus attentif du tableau du Louvre, nous a paru de nature à soulever bien des hésitations. Comme son jumeau d'Oiron, le Saint Jean de notre galerie nationale a appartenu à Claude Gouffier. Nous avons retrouvé à senestre le blason du grand-écuyer, entouré de l'ordre de Saint-Michel ; et, à dextre, très visible malgré les retouches ignorantes des restaurateurs, celui de sa pre- mière femme, Jacqueline de La Trémoille, mi-parti Gouffier et La Trômoille. Le tableau figurait donc à l'hôtel de Boisy entre 1533, moment où Claude fut fait chevalier de l'ordre, et 1539 environ, date de sa séparation d'avec Jacqueline de La Trémoille. Mais le Saint Jean d'Oiron porte, lui aussi, les armes de Claude Gouffier, et plus anciennes, puisqu'un des deux écussons n'a pas encore le collier de Saint-Michel, et remonte par conséquent plus 1. Voir le Bulletin de l'Art ancien el moderne, 14 octobre 1905. La restauration, chef-d'oeuvre d'un peintre mort récemment membre de l'Institut, avait durérfeua- ans. LA REVUE DE L ART. — XX. 37