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LES PEINTURES DU CHATEAU D'OIRON1 ous sortons des suppositions pour une autre oeuvre du xvi° siècle, les belles fresques de YEnéide, qui décorent la grande galerie du château, au-dessus de la voûte à arcades, et dont l'auteur est connu. Sous sa dégradation lamentable, l'oeuvre révèle un maître. Dans des cadres imitant les lambris, au milieu de devises, de figures symboliques, d'initiales et de monogrammes variés -, le peintre a figuré des scènes du IIe livre de YEnéide, expliquées chacune par deux vers de Virgile, naïf étalage d'érudition tout à fait dans le goût de l'époque. On y voit le Conseil des dieux et des déesses dans' l'Olympe, le Jugement de Paris, l'Enlèvement d'Hélène, le Sacrifice d'Iphigénie, la Mort d'Hector, le Cadavre d'Hector traîné autour des murs de Troie, le Cheval de Troie, la Fuite d'Énée : Quis cladem illius noctis. quis funera l'ando Explicet, aut possit lacrymis aîquare labores ? Sur ces grandes surfaces, le pinceau de l'artiste se meut avec une aisance parfaite. Les groupes de guerriers, les scènes épisodiques, les détails d'une architecture compliquée, se mêlent sans confusion, sous un dessin d'une facilité charmante, presque toujours juste. Le mouvement 1. Second et dernier article. Voir la Revue, t. XX, p. 177. 2. L'épée de grand écuyer et les initiales de Françoise de Brosse, qui y figurent, placent cette décoration entre les années 1546 et 1S48.