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270 LA REVUE DE L'ART importance qu'aux portraitistes, pour ainsi dire officiels, dont il a été pré- cédemment parlé. » Pour Louis Marteau, il ne tient à rien qu'il ait eu la même place que les Bacciarelli, les Graff et les Grassi ; comme artiste, il les valait, mais on a fort peu de détails sur sa vie, et quant à ses oeuvres, non signées trop souvent, elles se sont dispersées aux heures tragiques de la Pologne, et il est maintenant fort malaisé de les identifier. Celles que conserve aujourd'hui, à Cracovie, le comte Stanislas Tamowski, — un portrait de Stanislas-Auguste déjà âgé, un autre représentant sa femme morganatique, la comtesse Grabowska, et un troisième, une danseuse, en légère robe bleue, couchée sur un coussin (copie d'après Boucher), — sont pour nous faire regretter qu'on ait si longtemps oublié cet artiste, un maître dans l'art gracieux et subtil du pastel. Venu de bonne heure en Pologne, — on connaît de lui un projet de médaillon à la sanguine, représentant trois sirènes et portant la date de 1743, — Louis Marteau ne tarda pas à être tenu en particulière estime par le souverain : il occupait un appartement au rez-de-chaussée du palais royal de Varsovie, et il a l'ait partie, avec plusieurs autres artistes étran- gers, de l'héritage laissé en 1764 par les rois de Saxe à Stanislas Auguste. Comme il ne mourut qu'en 1805, et qu'il ne quitta point Varsovie, il fut, au premier chef, un des peintres du roi de Pologne : le roi, la famille royale, les courtisans et les plus célèbres beautés féminines de l'époque, défilèrent devant son chevalet: il exécuta aussi les portraits des convives, des fameux «dîners du jeudi», et ces ouvrages, pour lesquels l'évèque Naruszewicz avait écrit des « descriptions biographiques », ornaient la chambre du palais qui précédait la salle des rois. Mais où se sont envolées ces oeuvres légères ? Où sont ces pastels de Marteau, auxquels Stanislas-Auguste réservait une place en son palais ? Où sont notamment la belle Hedvige Ciechanovriecka, née Strutynska, la favorite de Stanislas-Auguste, et Barbe Kossowska, la princesse Isabelle Czartoryska, et Mmcs Lhuillier, Gulay, Michelli, et tant d'autres ? Hélas ! ces pastels non signés, — La Tour, ni Bosalba Carriera, ne signaient non plus leurs oeuvres, — ces pastels sont aujourd'hui dispersés, et la tâche n'est pas facile de retrouver et d'identifier les productions charmantes du «  pastelliste de Stanislas-Auguste ».