Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES TRIOMPHES DE PÉTRARQUE DANS L'ART REPRÉSENTATIF 211 se demander si Pétrarque a été imité par le peintre ou de peintre par Pétrarque. Mais, en ce qui concerne les Triomphes, on sait que le poète y travaillait dans les derniers temps de sa vie, vers 1376, et qu'il n'avait pu revoir Pise, où il avait vécu son enfance. Il convient donc d'admettre que, quand les Triomphes se furenl répandus, ils devinrenl une source d'inspiration pour le peintre du Campo Santo. Celui-ci représenta sous un berceau d'orangers tonte nue réunion de dames et de gentilshommes en DÉTAIL DU «TRIOMPHE DE LA MORT». Fresque du Campo Santo de l'ise. galante conversation, jouant de la musique, « jouissant avec douceur de leurs amours », tandis que deux génies volent et allument des flambeaux qui consumeront les coeurs. Mais voici que la Mort tourne sa faux contre cette société décaméronienne, qui goûte la vie à l'ombre des orangers. «  Et je vis une bannière sombre et lugubre, et une femme enveloppée d'un vêtement noir, ayant un air si terrifiant que je ne sais pas si les géants de Phlégra en avaient un semblable. Elle s'avança et dit : Je suis celle que vous appelez l'importune et la cruelle, race sourde et aveugle, vous pour qui la nuit existe même en plein jour. » Vers la troupe joyeuse, la Mort armée de sa faux dirige un vol rapide : son aspect est terrible, mégère