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LE TRI-CENTENAIRE DE REMBRANDT LES EXPOSITIONS DE LEYDE ET D'AMSTERDAM A Hollande vient de célébrer avec éclat le tri- centenaire de Rembrandt. Discours royaux, représentations de gala, innombrables cantates, cavalcades même (nous sommes au pays des chambres de rhétorique), rien n'a manqué à ces réjouissances de ce qui pouvait leur donner la solennité de véritables fêtes nationales. Amster- dam et Leyde sont pleines de la gloire du grand neintre; on ne voit aux devantures que publi- cations en son honneur et reproductions de ses oeuvres. Rembrandt se porte en broche et Saskia en boutons de manchettes, les Syndics trônent jusque sur les boîtes de cigares, et les antiquaires offrent des cuillers « an- ciennes» où s'avance le capitaine Banning Cocq... Tant de zèle serait indi- scret s'il n'était touchant. Un sentiment sincère s'y manifeste; Rembrandt est un héros populaire, une sorte de personnification de la Hollande. Comment ne pas penser aux pages de Fromentin méditant sur les préférences de la Renommée, devant les façades du Binnenhof et du Mauritshuis, assombries par la nuit tombante et plongeant leurs reflets dans l'eau immobile du Vijver ? Puissance de la beauté ! Ce pays qui a une si noble histoire, la patrie du Taciturne et des frères de Witt, la patrie de Tromp et du grand Ruyter, se reconnaît tout entier dans un peintre. C'est vraiment l'enthou- siasme de tout un peuple qu'exprimait le vieux Jozef Israëls, quand il s'écriait : «  Puisque ce génie prodigieux est né dans nos polders et qu'il résume la poésie de notre pays et de notre peuple, pavoisons nos maisons