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188 LA REVUE DE L'ART du XVIe siècle, les traits du grand-écuyer. Mais ne pourrions-nous recon- naître, à son défaut, dans le jeune homme imberbe, Artus Gouffier, le futur grand-maître, enfant d'honneur de Charles VIII ?» Le chevalier de gauche serait son frère aîné, Pierre, tué à Marighan ; et celui de droite, aux yeux clos par un sommeil qui semble éternel, le père des deux frères, Guillaume, l'ancien chambellan de Charles VII. La piété filiale qui aurait dicté le sujet du tableau le placerait quelque temps après la mort du vieux sei- gneur, vers 1495, date qui concorde avec la facture générale et le détail des costumes. Si notre conjecture est fondée, on ne peut expliquer la juxtapositionde ce panneau avec des volets d'un demi-siècle plus jeunes, qu'en supposant primitivement au retable deux portraits plus anciens, que Claude Gouffier aurait enlevés pour les remplacer par le sien et celui de sa femme. Le tableau dont Gaignières avait relevé le dessin au mur de la chapelle, repré- sentant Artus Gouffier agenouillé auprès de saint Claude, nous semble pro- venir d'un des volets primitifs. L'autre, dont nous n'avons plus de traces, aurait évidemment représenté Hélène de Hangest. Toutes ces peintures, est-il besoin de le dire, n'ont pas d'état-civil. Les artistes qui travaillaient pour la maison de Boisy sont mal connus. Fillon a cité quelques quittances. Trois miniaturistes, Jean Lemaire, de Gien, demeurant à Paris, proche le Louvre, Charles Jourdain et Geoffroy Ballin, auraient décoré pour le grand écuyer des livres d'heures en 1555 et 1559 -. Robert Roussel, maître peintre à Paris, aurait exécuté pour son compte, en 1558, les portraits de Françoise de Brosse, du seigneur de Bressuire et du connétable Anne de Montmorency. Un autre peintre de Paris, Guil- laume Jaquier, aurait, en 1566, peint les images de Louise de Savoie et de Claude de France. Comment faire un choix entre ces artistes, qui ne nous sont connus que par les citations de Fillon, insuffisammentappuyées de preuves, et qui semblent n'avoir été employés par le sire de Boisy qu'à une époque postérieure à celle qui nous occupe ? Ne faudrait-il pas, de préférence, chercher parmi les peintres de la région, tourangeaux ou poitevins, comme ce Jehan Samson, de Tours, qui exécute pour les 1. Les crayons du recueil d'Aix et de Castle Howard, qui représentent Artus Gouffier, donnent assez de vraisemblance à notre hypothèse. 2. Le beau psautier de l'Arsenal, n° 5095, serait l'oeuvre d'un de ces enlumineurs.