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144 LA REVUE DE L'ART de la rose concourt à la décoration du tabernacle de bronze érigé au fron- tispice ; elle est sculptée, avec une finesse de gravure en médaille, sur le minuscule autel de la Présentation au Temple (page du Havre). De même Attavante a réservé un rôle au saint patron de l'évêque, dans les petites scènes qu'il a peintes de son pinceau le plus délicat. Saint Thomas ne figure pas seulement dans la scène bien connue de l'Incrédulité (f° 203). Un petit médaillon placé à côté du Jugement dernier, montre Marie, au milieu des anges de l'Assomption, laissant tomber du ciel entre les mains de l'incorrigible douteur la ceinture qui fut vénérée à Prato, près de Florence. Enfin, le peintre n'a pas oublié le portrait de son client. Il ne l'a pas représenté dans l'un des nombreux médaillons, vu de profil, comme il fera un peu plus tard, lorsqu'il peindra sur un second missel la tête de Mathias Corvin, laurée comme celle d'un empereur romain. Le cardinal d'Estouteville avait fait faire à Rome sa médaille ; Thomas James n'eut point la sienne, même en peinture. Attavante n'a représenté l'évêque de Dol qu'à genoux et simplement vêtu de l'aube longue et blanche. Il prie au pied du crucifix, sur la miniature du Havre. Sur la page qui faisait face à cette miniature, il est au premier plan et semble invoquer saint Michel, en armure d'or et l'épée nue, et pareil à la statue de l'archange qui dominait le château de Rome où était logé l'évêque breton. La tête du prélat est rasée comme celle d'un moine. Son visage paraît jeune ; dans les deux miniatures, il est vu de profil perdu, comme si l'artiste avait voulu dissi- muler les traits d'un modèle qu'il n'avait pu faire poser deA^ant lui. L'artiste, faible et mou dans le portrait, manque de force dans les scènes religieuses. Réduit aux proportions lilliputiennes des médaillons. l'Évangile n'émeut plus; il semble vu de très loin, par un spectateur indifférent. Même en face du crucifix, Attavante ne trouve que des habiletés de main. Ce qui lui est propre, c'est une douceur simple et gracieuse, qui pare les visages, les attitudes et les draperies, et qui s'harmonise plus facilement qu'un dessin vigoureux et volontaire avec les accords larges et brillants des vives couleurs. Attavante a connu Verrocchio ; le minuscule tableau du Baptême du Christ, sur la page du Musée du Havre, est une réduction fort exacte du panneau fameux, où Léonard, si l'on en croit Vasari, aurait peint la figure d'un bel ange blond, pour achever l'oeuvre de son maître 1. 1. Ce tableau est reproduit plus loin, p. 151. Voir, dans la collection des Maîtres de l'Art, le