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142 LA REVUE DE L'ART armes épiscopales de Thomas James ; il est tout entier de la main d'Atta- vante ; ses dimensions (0m 38 x 0m 25), si l'on fait la part des marges rognées en tous sens, correspondent exactement à celles du manuscrit de Lyon. La miniature du musée du Havre est peinte à pleine page, sans une lettre de texte. Un tableau de couleurs vives et claires, encadré dans une bordure d'or très délicatement ciselée, met en scène le Crucifiement, avec les trois croix dressées sur un ciel limpide, au-dessus d'un groupe d'assis- tants. Le nid du pélican s'épanouit en, haut de la croix du Christ ; un ange emporte au ciel l'àme du Bon larron, tandis que deux diables arra- chent avec des crocs l'âme du Mauvais larron, pareille à un enfant mort. Deux petits panneaux sont placés au pied du tableau principal, en manière deprédelle. A droite et à gauche de la page, les rinceaux magnifiques de l'encadrement s'écartent pour laisser place à dix médaillons. L'ensemble des médaillons et des petits panneaux forme une double suite de scènes de l'Évangile; d'abord, les mystères joyeux : l'Annonciation, la Nativité, l'Adoration des Mages, la Présentation au Temple, Jésus parmi les doc- teurs, le Baptême du Christ. Le drap d'honneur sur lequel se détachent les armoiries de Thomas James, accompagnées de quatre anges, semble tomber comme une toile de théâtre pour interrompre la succession des scènes. Avec le petit tableau qui suit, — la Cène, — commence la Passion, dont le récit est continué dans les cinq médaillons suivants, par la Prière au Jardin des oliviers, le Baiser de Judas, le Jugement de Pilate, la Flagel- lation et le Portement de Croix, jusqu'au pied du Calvaire, qui apparaît dans le tableau central. L'image du Crucifix a sa place marquée, dans les missels manuscrits ou incunables, en regard de la première page du Canon. Cette page s'est conservée dans le missel de Lyon. Par la composition décorative, comme par la suite iconographique, elle fait exactement pendant à la page du Havre. L'encadrement, avec ses rinceaux, ses figurines d'anges, ses armoiries, ses deux petits tableaux carrés, ses médaillons ovales, reproduit sur les deux feuillets un arrangement identique. La mort du Christ, qui achevait sur l'une des pages la série des scènes de l'Évangile, n'était pas un dénouement. La suite du drame sacré reprend sur la seconde page, avec la Descente de Croix ; aux mystères douloureux succèdent les mystères glorieux. Après la Résurrection, l'Ascension et l'Assomption, la scène est.