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LE MISSEL DE THOMAS JAMES 131 celui-ci reçoit, la dédicace d'une grammaire latine qui lui est présentée par Pomponius Laetus, le poulifex maximus de l'Académie romaine. Thomas James quitta Rome en 1483, après la mort du cardinal d'Es- touteville, pour n'y plus revenir. Il n'emportait point son missel, que l'un de ses neveux, François, alla chercher à Florence l'année suivante. L'évêque avait trouvé sa ville de Dol saccagée et à demi ruinée par les troupes du roi de France, qui l'avaient prise le 11 octobre 1482, au cours de l'interminable guerre qui ne devait prendre fin que par le mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VIII. Thomas James dut relever des fortifications, des marchés et des moulins. Il n'ajouta aucune construction importante à sa cathédrale, édifice du XIIIe siècle, qui avait été agrandi au commencement du xv°. Il mourut le Vendredi saint de l'année 15031, sans avoir pris de dispositions pour sa sépulture. L'un de ses neveux, — peut-être le seul survivant, — Jean, qui était chanoine et trésorier du chapitre de Dol, lit venir de Florence deux marbriers pour sculpter le tombeau de Thomas James. C'étaient les frères Antonio et Giovanni di Giusto Detti, qui devaient ensuite aller travailler à Gaillon et s'éta- blir à Tours, où ils se firent naturaliser sous le nom de Juste 2. Gio- vanni signa seul, en 1507, le mausolée érigé dans le bras septentrional du transept de la cathédrale de Dol 3. Il sculpta, sur les côtés du sarcophage de l'évêque deux bustes, vus de profil, qui représentent les deux neveux de Thomas James : Jean, qui avait fait élever le tombeau; François, qui avait apporté de Florence à Dol le missel d'Attavante. Le tombeau de Thomas James, dont l'inscription avait attiré dès 1836 l'attention de Prosper Mérimée, est l'un des monuments les plus connus de la Renaissance italienne en France. C'est pourtant une oeuvre très mutilée, où l'absence de la statue couchée de l'évêque et des six anges, 1. Ces renseignements sont fournis par l'épitaphe de Thomas James, gravée sur une plaque de cuivre, qui fut encastrée au milieu de son sarcophage, et qui a disparu. Elle a élé publiée par Dom Charles Taillandier, dans l'Histoire de Bretagne. Paris, 1736, t. II, p. LXIV. 2. A. de Montaiglon, la Famille des Juste en Italie et en France (Gazette des Beaux-Arts, 1873-76); L. Palustre, la Renaissance en France, Bretagne, p. 86 -91; P. Vitry, Michel Colombe et la sculpture française de son temps, 1901, p. 204 et suiv. 3. L'inscription se lit encore sur le slylobate d'un des pilastres de l'arcade : Scelle struxit opus magister istud Johannes cujus cognomen est Justus et Florentinus. Le premier mot, assez rare, signifie : « avec le ciseau » (de scelles ou celles).