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120 LA REVUE DE L'ART ni de conventionnel ne vient gâter le charme aimable et naturel de l'ex- pression : c'est à coup sûr un des meilleurs morceaux du peintre, que ce portrait, traité con amore. Le portrait de Gustave III mérite d'être signalé, mais plutôt à cause de la personnalité du modèle qu'en raison de la qualité de la peinture : le « Louis XIV de la Suède » y est représenté en pied, à demi tourné vers la droite, la main droite appuyée sur la hanche, la main gauche tenant un chapeau à plumes blanches; sur son costume de cérémonie, il porte le cordon de l'ordre des Séraphins; au fond, un pilier et des draperies; à droite, sur un socle, un buste de Gustave-Adolphe II, l'oncle du souve- rain. Rien dans tout cela qui soit seulement intéressant; l'artiste a voulu faire majestueux et n'a rien fait que de bourgeois. Plus à l'aise dans le portrait intime d'un inconnu, en habit très simple, et col à jabot de dentelles, il a mieux réussi encore quand il a représenté le secrétaire d'État Élis Schroderheim, grand favori de Gus- tave III, et celui-là même qui fonda l'Académie suédoise sur le modèle de l'Académie française; au demeurant, et malgré l'habit de cour et les ordres, une figure assez commune et lourde, où tout, depuis le nez rond et fort, et le double menton à fossette, jusqu'à la bouche aux grosses lèvres retroussées, où tout respire la joie de bien vivre et la parfaite satisfaction de soi-même. Per Krafft avait également exécuté un portrait, aujourd'hui égaré, du comte Potocki, ministre de Pologne à Stockholm : un dessin original de ce portrait se trouve au musée polonais de Rapperswyl, en Suisse. Non livrée à Potocki, lors de la mort de l'artiste, cette peinture fut comprise dans la succession du peintre et passa successivement à son fils, Per Krafft le jeune, puis à son petit-fils Karl Krafft, dont les héritiers vendirent les collections à un marchand de tableaux; en fin de compte, le portrait fut acheté par un Polonais habitant la Suède, et il est conservé quelque part en Pologne, où il voisine sans doute avec quelqu'une des nombreuses oeuvres de Per Krafft qui y existent encore et qu'il serait facile de retrou- ver et d'identifier. Il n'est pas jusqu'à Paris même, où ce travail d'investigations pour- rait donner lieu à de véritables découvertes. Déjà, tandis que nous prépa- rions cette étude, Mme la comtesse de Messey nous avait signalé un délicieux