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106 LA REVUE DE L'ART représentés. Sa Mort de Huss (1850) vaut par la composition où il s'inspire de Rethel et la réelle émotion religieuse que nous trouvons dans le visage du condamné. Dans toutes les villes d'Allemagne, on imita Lessing. Commel ' Histoire de la peinture et les fresques de Kaulbach à Berlin, les tableaux du Maximilianeum de Munich (1855) caractérisent bien l'art d'une époque: dans les Loges de Cornélius, le développementde l'humanité est représenté par des figures idéales, dans la décoration de Kaulbach par de grandes compositions symboliques; au Maximilianeum, c'est par les principaux événements de l'histoire. III L'évolution de l'école allemande lui avait fait abandonner les sujets littéraires et philosophiques pour ceux que l'art cultive ordinairement, ou même pour ceux que cultive spécialement l'art moderne. Presque idéaliste encore dans les premières ceuvres de Kaulbach, la peinture d'histoire représentait maintenant des épisodes de fêtes ou de batailles, tandis que la peinture romantique avait abouti au paysage proprement dit, avec Rottmann (1798-1850), Schleich (1812-1874), Lier (1826-1882), les deux Fries (1801-1833, 1820-1879), les deux Achenbach (1815 et 1827-1905), et à la peinture de paysans avec l'école autrichienne, Knaus (1829) et Vautier (1829-1898) ; il est vrai qu'on choisissait encore les sites et les costumes les plus pittoresques. Mais ni les procédés des Nazaréens, ni ceux de l'école historique ne permettaient de traiter ces nouveaux sujets. Sûrs de leur dessin et de leur composition, assez habiles dans l'art de disposer leurs couleurs, les peintres allemands devaient maintenant acquérir la technique ; ils devaient apprendre à ne plus tricoter leurs fonds, à se servir plus rarement de glacis. à manier librement le pinceau et la brosse, à étaler largement une pâte épaisse et grasse ; ils devaient s'habituer à reproduire les différents aspects de la nature, à faire des portraits, à jeter et à plisser des draperies, à peindre les étoffes, les costumes les plus variés, à les placer dans la lumière ou en clair obscur ; ils devaient se rompre à tous les exercices qui donnent la science, la souplesse et la virtuosité.