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86 LA REVUE DE L'ART sent en fleurs de roses et de lis, pendant qu'un chien la poursuit de ses aboiements et que deux enfants veulent l'insulter. Ainsi l'on ne peut établir de comparaison d'aucune sorte entre cette allégorie et le poème de Pétrarque : ingénieusement imaginée, elle est tout entière en oppositions et diffère absolument de celle que conçut le grand poète, qui pensait comme un ancien, et non comme un moine d'Assise. Il en est de même pour l'allégorie de la Chasteté. A gauche, l'on voit saint François entouré d'anges à l'égal des personnes divines et recevant les prières de ceux qui le suivent. Au milieu se dresse la cita- delle, où veillent des guerriers ; en avant, deux anges purifient un pécheur ; deux autres apportent des vêtements pour un homme nu, qui reçoit le baptême, semblables aux deux anges qui assistent à la scène du baptême du Christ dans le lit du Jourdain. Sur les murs de la citadelle, Sancta Mundilia et Sancta Fortiludo déploient une bannière blanche et apportent un bouclier pour protéger le jeune homme purifié. A gauche, un frère encapuchonné, avec des ailes au dos, Sancta Penitenlia, chasse avec le fouet, dont il s'est servi pour macérer sa chair, Cupidon, les yeux bandés, couronné de fleurs, avec des jambes que terminent des griffes de faucon, une corde en bandoulière, à laquelle est attaché un carquois et tout le long duquel sont suspendus pour l'éternité les coeurs qu'a vaincus l'Amour. L'étrange petit démon saute à bas de la roche, où déjà est couché un homme à la tête de porc, tandis que la Mort pousse avec violence au milieu des flammes une figure de satyre, la Concupiscence, et que trois anges, empruntés à une représentationdu Jugement dernier, avec une lance et les symboles de la Passion et du Sacrement, assistent à cette scène de vengeance et de mort. Au milieu de la citadelle s'élève une tour crénelée, le donjon, avec la cloche et un drapeau blanc au sommet : on y voit une fenêtre en manière de ciboire, derrière laquelle prie Sancta Castitas; deux anges lui apportent en offrande, l'un un casque, l'autre une palme , symbole de la victoire sur les passions. Ici aussi la conception du peintre diffère de celle de Pétrarque : il suffit de regarder la déplaisante figure de Cupidon, qui. n'est plus l'adolescent hautain, «  l'arc à la main et les flèches au côté, contre lequel ne valent ni massue, ni bouclier». Avec les coeurs humains qu'il porte en bandoulière, avec ses pattes d'oiseau de proie, Cupidon n'est qu'une caricature : la Concupiscence, avec la tête de porc,