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187. — Un vieillard de Scété était tombé dans une grande maladie et les frères le servaient[1]. Il vit qu’ils se fatiguaient et il dit : Je vais en Égypte, pour ne pas énerver les frères. L’abbé Moïse lui dit : N’y va pas, car tu tomberais dans l’impureté. Il fut affligé et dit : Voilà que mon corps est mort et tu me dis cela ! — Il alla donc en Égypte et les hommes (des environs) l’apprenant, lui apportaient beaucoup de dons et une femme, restée vierge par esprit de foi, vint même servir le vieillard. Au bout de peu de temps, se trouvant guéri, il pécha avec elle et elle conçut. Les hommes lui dirent : D’où vient cela ? Elle répondit : Du vieillard. Ils ne la crurent pas, mais le vieillard dit : C’est moi qui l’ai fait, mais gardez(-moi) l’enfant qui est né. Lorsqu’il fut sevré, un jour qu’il y avait fête à Scété, le vieillard entra dans l’assemblée devant tout le peuple avec cet enfant sur l’épaule. Ceux qui le virent se mirent à pleurer et il dit aux frères : Voyez-vous cet enfant ? C’est le fils de la désobéissance. Fortifiez-vous donc, frères, en voyant que j’ai fait cela (même) dans ma vieillesse et priez pour moi. — Retourné à sa cellule, il reprit son ancienne conduite.

188. — Un frère fut violemment tenté par le démon de l’impureté[2]. Quatre démons métamorphosés en femmes très belles demeurèrent près de lui durant quarante jours pour l’amener à un acte honteux. Il résista courageusement sans céder et Dieu, voyant son beau combat, lui accorda de ne plus avoir aucune tentation charnelle.

189. — Dans les régions inférieures de l’Égypte[3] il y avait un anachorète qui était très célèbre parce qu’il demeurait seul dans une cellule au désert. Voilà que, par l’opération de Satan, une femme sans pudeur, ayant entendu parler de lui, dit aux jeunes gens : Que voulez-vous me donner et je ferai tomber votre anachorète ? Ils lui promirent une brillante récompense. Elle partit le soir, vint à sa cellule comme si elle était égarée, elle frappa et il sortit. Lorsqu’il la vit, il fut troublé et dit : Comment es-tu venue ici ? Elle répondit en pleurant : C’est parce que je suis perdue que me voici. Plein de compassion, il la fit entrer dans la cour[4], et entra (lui-même) dans sa cellule dont il ferma la porte. La malheureuse se mit à crier et à dire : Père, les animaux sauvages me mangeront. Il fut encore ému et — craignant le jugement de Dieu — il dit : D’où me vient cette colère (cette dureté) ? puis il ouvrit la porte et la fit entrer. Or le démon commença à le tenter au sujet de cette femme, mais lui, se rendant compte du combat que lui livrait l’ennemi, dit : Les sentiers de l’Ennemi sont (dans) les ténèbres, tandis que le Fils de Dieu est lumière. Il se leva donc et alluma la lampe. Comme le désir le brûlait, il dit : Ceux qui font cela vont aux tourments ; essaie donc ici si tu peux supporter le feu éternel. Il mit son doigt sur la lampe et le brûla, et il ne sentit pas qu’il brûlait à cause de la passion excessive qui brûlait

  1. M, 883, n° 35 ; Coislin 127, fol. 93v ; B, p. 305 ; ms. 919, fol. 155 ; L, fol. 80v.
  2. M, 883, n° 36 ; Coislin 127, fol. 93v ; Paul, 211.
  3. M, 883, n° 37 ; Coislin 127, fol. 94 ; Paul, 226 ; L, fol. 85v.
  4. αὐλύδριον C 126 ; αὐλίδρυον C 127.