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TRADUCTION


175. — Un anachorète[1] demeurait sur la montagne dans les parages d’Antinoé ; il faisait de grands progrès dans la piété et beaucoup profitaient de sa parole et de sa conduite. L’Ennemi en devint jaloux comme de tous les vertueux et il lui suggéra les pensées suivantes sous couleur de piété : Il ne te convient pas d’être servi ou aidé par un autre, lorsqu’il te vaudrait mieux servir les autres ; tu ne les sers pas, du moins sers-toi toi-même. Va donc vendre tes corbeilles, achète ce dont tu as besoin et reviens aussitôt à ta vie solitaire ; ainsi tu n’incommoderas personne. Le rusé lui suggéra cela parce qu’il était jaloux de sa solitude, du repos qu’il prenait près de Dieu, et du profit qui en résultait pour beaucoup ; car l’Ennemi cherchait de toute manière à le captiver. Plein de confiance comme en une bonne parole, l’anachorète illustre et renommé descendit de son monastère, lui qui avait été un objet d’admiration — il n’avait pas encore expérimenté la grande scélératesse de celui qui tend des embûches. — Au bout d’un long temps il rencontra une femme ; affaibli par la négligence, il alla dans un lieu désert en compagnie de l’Ennemi et pécha près du Nil. En songeant que l’Ennemi s’était réjoui de sa chute il se prenait à désespérer, surtout d’avoir contristé l’Esprit de Dieu et les anges et les saints Pères dont beaucoup ont vaincu l’Ennemi, même dans les villes. Comme il ne ressemblait à aucun de ceux-là, il s’affligeait beaucoup et ne se rappelait pas que Dieu donne la force à ceux qui espèrent fermement en lui. Aveuglé sur la guérison de sa faute, il voulait chercher la mort dans le cours du fleuve et rendre ainsi com-

  1. M (Migne, Patr. lat., t. LXXIII), col. 886, n° 41 ; Ms. Coislin 127, fol. 89v. B (Bedjan, Paradisus Patrum, Paris, 1897), page 226. — Ce chapitre se trouve en syriaque parmi les œuvres de Pallade. Le scribe dit l’avoir trouvé après Jean de Lycopolis.